Selon une enquête du magazine américain The Information, spécialisé dans l'actualité de la Silicon Valley et des nouvelles technologies, Uber aurait illégalement surveillé les chauffeurs d'un concurrent à l'aide d'un programme informatique.
Le nom de ce logiciel espion : «Hell» («enfer» en français). Et d'après les journalistes qui ont mené l'enquête, le géant américain spécialisé en véhicules de transport avec chauffeur (VTC) Uber l'aurait créé et utilisé entre 2014 et le début de l'année 2016, soit pendant près de deux ans.
Le but : espionner les utilisateurs et les chauffeurs de Lyft, son grand concurrent sur le marché américain. The Information explique que «Hell» utilisait une faille de vulnérabilité dans le fonctionnement de Lyft laquelle aurait permis à Uber, à travers de fausses demandes de course, d'obtenir le profil détaillé des chauffeurs de Lyft en fonction de leur géolocalisation.
Le nom de ce programme top secret «Hell» donc, aurait été ainsi choisi par opposition à un autre programme controversé d'Uber appelé cette fois «Heaven» («paradis» en français). Ce dernier permet à Uber d'avoir une vue panoramique de tous ses conducteurs et passagers dans une ville donnée, relançant ainsi le débat sur la protection des données.
Le patron de Uber aurait été au courant
Concernant Hell, une poignée d'employés d'Uber seulement, dont le propre patron de l'entreprise, Travis Kalanick, aurait été au courant de son existence. Ceux qui exploitaient les données récoltées les comparaissaient ensuite avec les fichiers propres à la compagnie pour déterminer quels chauffeurs travaillaient à la fois pour Uber et pour Lyft.
Uber's "Hell" is a possibly illegal program Uber built to lure drivers away from Lyft. @amir's exclusive: https://t.co/MyL9nR1Fxp
— The Information (@theinformation) 13 avril 2017
Dès lors qu'Uber savait quand et à quelle fréquence ces chauffeurs se connectaient à Lyft, l'entreprise pouvait ainsi leur offrir des primes pour les inciter à utiliser uniquement Uber, s’assurant du même coup qu’ils ne seraient que très peu disponibles pour les utilisateurs de Lyft.
Uber, qui, jusqu'à présent, n’a pas souhaité commenter les révélations du magazine américain, avait été accusée à plusieurs reprises ces dernières années de pratiques déloyales envers son principal concurrent aux Etats-Unis.