Curieuses statues que sont les géants de l'île de Pâques. Depuis des siècles, elles émerveillent les touristes, fascinent les explorateurs autant qu'elles intriguent les scientifiques. Mais une équipe de chercheurs américains pourrait bien avoir percé le mystère de leur curieux emplacement.
D'immenses visages, gravés dans la roche volcanique, atteignant jusqu'à 9 mètres de haut et pesant jusqu'à 100 tonnes : près d'un millier de ces statues, appelées moaï, sont réparties sur l'ensemble de l'île, située au large du Chili, au beau milieu de l'océan Pacifique. Environ 300 de ces monolithes, taillés entre le XIIIe siècle et le XVIIIe siècle, sont dressés sur des «terrasses sacrées» appelées ahu, dos à la mer.
Alors que leur origine reste encore inconnue, des chercheurs de l'Université Binghamton, dans l'Etat de New York, révèlent que ces géants de pierre volcanique étaient généralement construits à proximité de sources d'eau douce, rapporte le Guardian.
Plus qu'un étrange rituel
En se concentrant uniquement sur l'est de l'île, où diverses ressources ont bien été cartographiés, l'équipe de scientifiques a examiné la distribution de 93 de ces plateformes mégalithiques ahu.
Sans réussir à connecter les lieux d'extraction de la roche utilisée pour fabriquer les outils ou construire ces immenses statues en tuf volcanique, les experts se sont repliés sur d'autres ressources importantes, comme la proximité de cultures, des sites liés à la pêche ou... les sources d'eau douce.
Bingo ! Selon les travaux de chercheurs, des liens peuvent bien être établis entre l'emplacement des sources et les géants de pierre. Si l'île n'a pas de cours d'eau permanents, son sol est suffisamment poreux pour retenir de grandes quantités d'eau, qui s'écoulent en minces ruisseaux à différents endroits de la côte.
©MARTIN BERNETTI
«Ce qui est important, c'est que cela montre que les emplacements des statues ne sont pas qu'un rituel étrange, souligne le professeur Carl Lipo de l’Université de Binghamton à New York, co-auteur de la recherche. Les ahu et les moaï représentent bien un rituel, dans le sens où ils ont une signification symbolique, mais ils sont aussi intégrés à la vie de la communauté.»
D'après leurs analyses, l'aspect des plateformes et de leur statues, telle que leur taille ou leur forme, pourraient donc être liés à l'abondance et à la qualité de la source. «Chaque fois que nous avons vu d’énormes quantités d’eau douce, nous avons vu des statues géantes, se rappelle le professeur d'anthropologie. C'était ridiculement prévisible».
Si l'étude des chercheurs ne fait pas l'unanimité auprès des experts de l'île de Pâques, les résultats de leurs recherches, publiés dans la revue Plos One, reste l'une des interprétations les plus abouties du site à ce jour.