La Première ministre britannique Theresa May va tenter mercredi de rassembler son parti en présentant une vision résolument optimiste du Brexit, malgré les incertitudes qui entourent ce dossier brûlant.
«Je crois passionnément que le meilleur est à venir et que notre futur est plein de promesses», doit affirmer la dirigeante en clôture du congrès de son Parti conservateur réuni à Birmingham (centre de l'Angleterre) depuis dimanche, selon des extraits de son discours transmis à l'avance par ses services.
Malgré l'impasse des discussions actuelles entre Londres et Bruxelles, la cheffe du gouvernement britannique va présenter le Brexit comme une «période d'opportunité», et assurer que son plan de Chequers demeure «dans l'intérêt national».
Ce plan prévoit de conserver une relation économique étroite entre le Royaume-Uni et l'UE après le divorce, par le maintien de règles communes sur les biens industriels et produits agricoles. Il a été rejeté par les dirigeants européens, qui ont demandé à Theresa May de revoir sa copie d'ici au prochain sommet européen, les 18 et 19 octobre.
À Birmingham, les quatre jours du congrès ont exposé au grand jour les divisions des Tories.
Dans le grand auditorium du Centre des congrès, les événements officiels, lors desquels s'exprimaient uniquement les ministres, ont fait entendre un gouvernement bien décidé à défendre la Première ministre et sa proposition. Mais dans les salles annexes, plusieurs députés influents, au premier rang desquels l'eurosceptique Jacob Rees-Mogg, l'ex-ministre chargé du Brexit, David Davis, et l'ancien chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, ont réclamé d'abandonner ce plan et proposé à la place un accord de libre-échange similaire à celui signé entre l'UE et le Canada.
Le plan de Chequers «est une trahison», a affirmé mardi Boris Johnson lors d'un discours prononcé devant près de 1.500 militants, au cours duquel il a vanté «les immenses opportunités» offertes par sa contre-proposition.
«Maintenir Theresa May»
La bataille pour la direction du parti, latente depuis le recul enregistré aux élections législatives anticipées de juin 2017, est néanmoins restée contenue. Aucun rival de la Première ministre ne s'est positionné frontalement.
«Pour l'heure, le parti tente de maintenir Theresa May au pouvoir aussi longtemps que possible», analyse pour l'AFP Mark Garnett, professeur à l'université de Lancaster. «Aucun candidat potentiel ne souhaite prendre sa place dans une période si difficile».
Car Theresa May, qui ne dispose que d'une très courte majorité au Parlement, est à la merci d'une rébellion de ses parlementaires. Or certains veulent une rupture nette avec l'UE, quand d'autres réclament au contraire d'en rester le plus proche possible.
Elle doit également prendre en compte la position de son allié, le parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP, dont les 10 députés contribuent à sa majorité absolue à la Chambre des communes.
«Nous ne pouvons pas avoir de frontières douanières en mer d'Irlande ou de frontières réglementaires, car cela nous séparerait du reste du Royaume-Uni», a déclaré mardi la cheffe du DUP, Arlene Foster. Elle a mis en garde le gouvernement contre tout compromis qui renforcerait les contrôles sur les biens circulant entre la province d'Ulster et le reste du Royaume-Uni.
Cette question constitue la principale source de blocage dans les négociations entre Londres et Bruxelles.
Considérant qu'aucun accord ne pourra être ratifié par le parlement, plusieurs députés conservateurs europhiles, dont Justine Greening, Philip Lee ou Anna Soubry, ont pris position en faveur d'un second référendum sur le Brexit. Mais ce scénario a été vivement rejeté par Downing Street.
Dans sa quête d'un accord, Theresa May ne pourra compter sur un quelconque soutien du Labour. Le principal parti d'opposition a annoncé qu'il rejetterait tout projet du gouvernement qui ne maintiendrait pas les avantages du marché unique européen et de l'union douanière.