Cible de nombreuses attaques jusque dans les rangs de son gouvernement, la Première ministre Theresa May se révèle une dirigeante tenace et résiliente en plein coeur de la tempête des négociations du Brexit.
Pour la troisième année consécutive, cette sexagénaire élancée aux cheveux gris coupés court, va présider le congrès du Parti conservateur qui s'ouvre dimanche à Birmingham (centre de l'Angleterre).
Une prouesse, tant elle a été malmenée par sa famille politique depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2016, quelques semaines après le référendum sur le Brexit, en remplacement de David Cameron.
En prenant les rênes de l'exécutif, cette fille de pasteur réputée sérieuse, voire austère, apparait comme une figure rassurante, à même de conduire le pays à travers l'un des moments les plus incertains de son histoire.
«Je ne fais pas la tournée des plateaux de télévision. Je n'ai pas de potins à partager pendant le déjeuner. Je ne vais pas boire des verres dans les bars du Parlement. Je fais juste mon boulot», se décrit-elle au moment de briguer Downing Street.
Celle qui a voté en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l'UE donne rapidement des gages au camp d'en face. «Brexit signifie Brexit. Désormais, nous sommes tous des Brexiters», clame-t-elle dès sa prise de fonction.
La dirigeante, qui aura 62 ans le 1er octobre, peine cependant à rassembler derrière elle un parti profondément divisé entre les pro et les anti-UE. Elle se retrouve même fragilisée après la perte de sa majorité absolue aux élections législatives de juin 2017 qu'elle a elle-même convoquées, pensant les remporter haut la main.
Mais la cheffe de l'exécutif tient bon. «Certaines personnes ne mesurent pas la force que cette femme a en elle», souligne son ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt. «Sous-estimer Theresa May est l'une des plus grandes erreurs que l'on puisse faire.»
Même Boris Johnson, qui a démissionné en juillet du gouvernement pour cause de désaccord sur le Brexit, loue sa «résilience» et sa ténacité. Des qualités qui lui ont permis de gravir jusqu'au sommet les échelons au sein du Parti conservateur.
«Drôlement difficile»
Theresa Brasier est née le 1er octobre 1956 à Eastbourne, ville côtière du sud-est de l'Angleterre. Après des études de géographie à Oxford, où elle rencontre son mari Philip, et un bref passage à la Banque d'Angleterre, elle est élue en 1986 conseillère du district londonien cossu de Merton. En 1997 elle devient députée conservatrice à Maidenhead (sud de l'Angleterre), à sa troisième tentative.
De 2002 à 2003, elle est la première femme secrétaire générale du Parti conservateur. Elle s'illustre lors d'un discours en appelant les Tories, alors marqués très à droite, à quitter leurs habits de «nasty party» («parti des méchants»).
Après avoir prêté main forte à David Cameron dans sa conquête du parti en 2005, elle est récompensée du portefeuille de l'Intérieur lorsque celui-ci arrive à Downing Street en 2010. Elle reste six ans à ce poste exposé, pendant lesquels elle tient une ligne très ferme contre la délinquance ou l'immigration clandestine.
Mais sa politique de réduction des effectifs de police lui vaut des critiques quand le Royaume-Uni est la cible de trois attentats revendiqués par le groupe jihadiste Daesh en moins de trois mois au printemps 2017.
C'est «une femme drôlement difficile», a commenté l'ex-ministre conservateur Kenneth Clarke à son arrivée au pouvoir. Elle aussi jugée «calme», «bosseuse», «réservée mais très abordable» par ses administrés interrogés par l'AFP.
Mme May souffre néanmoins d'une image de froideur un peu mécanique qui lui vaut d'être régulièrement caricaturée en robot. Peu à l'aise en public, elle est parfois critiquée pour son manque d'empathie, comme après l'incendie de la tour Grenfell en juin 2017, qui fait 71 victimes. Elle salue alors les pompiers sur place, mais ne rencontre pas les rescapés.
Seule touche de fantaisie dans ce profil lisse : ses chaussures à motifs léopard.