Le Parlement irakien tente mardi d'élire un nouveau président de la République, après un faux départ lundi dû à la rivalité entre les deux partis historiques du Kurdistan, la région dont vient traditionnellement le chef de l'État.
L'élection était initialement prévue lundi, mais le quorum n'a pas été atteint. En l'absence de plus de la moitié des députés, l'Assemblée a suspendu la séance jusqu'à 10H00 GMT mardi.
La coutume est de réserver le poste à un Kurde, et un accord tacite en faisait la chasse gardée de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK). En échange, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) obtenait la présidence du Kurdistan.
Mais cette année, ce dernier poste a été gelé après la fin du mandat de Massoud Barzani, et ses prérogatives réparties entre les autres institutions locales kurdes.
Le PDK a donc présenté pour la première fois depuis 2005 un candidat à la présidence du pays. Fouad Hussein, 72 ans, vétéran de l'opposition au dictateur Saddam Hussein (au pouvoir de 1979 à 2003), revendique de représenter le premier parti d'Irak, en vertu des résultats des législatives de mai.
M. Hussein connaît bien les arcanes du pouvoir à Bagdad pour avoir été l'un des dirigeants des autorités intérimaires mises en place par les États-Unis après l'invasion de 2003. Et alors que l'immense majorité des Kurdes sont sunnites, lui est chiite, comme la plupart des hommes politiques d'influence dans la capitale.
Deux tiers des voix
L'UPK a désigné Barham Saleh, 58 ans, qui a occupé les fonctions de vice-Premier ministre irakien et de Premier ministre du Kurdistan. Personnalité modérée, il est suffisamment consensuel pour convaincre à Bagdad, alors qu'il est décrié par la frange indépendantiste kurde à Erbil.
Le Kurdistan, région autonome depuis 1991, a voté dimanche pour élire son Parlement local, un an après le fiasco d'un référendum d'indépendance qui a profondément divisé. Les résultats doivent être connus d'ici à mercredi soir.
La Constitution irakienne impose que le chef de l'État soit élu avant mercredi, mais au vu des divisions, le délai pourrait être dépassé. Il faut en effet deux tiers des voix des députés, et si aucun candidat ne les obtient, la séance parlementaire peut être déclarée ouverte sans limite de temps.
Après l'élection en septembre du président du Parlement, un sunnite, Mohammed al-Halboussi, et celle du président de la République, il ne restera plus qu'un poste-clé à pourvoir: celui de Premier ministre, dévolu à un chiite.
Le président de la République, dans les 15 jours suivant son élection, doit charger le candidat désigné par la plus large coalition au Parlement de former un gouvernement.
Or deux camps se disputent le titre de première coalition depuis les législatives : celui du Premier ministre sortant Haider al-Abadi, lâché par plusieurs de ses alliés, et celui formé par le turbulent leader chiite Moqtada Sadr et les anciens combattants antijihadistes du Hachd al-Chaabi.