Critiqué de toutes parts pour son lourd silence après le décès de John McCain, Donald Trump a finalement rendu hommage lundi à cette figure singulière de la politique américaine en ordonnant la mise en berne des drapeaux à travers le pays.
Une fois n’est pas coutume, Trump a cédé. Après avoir obstinément refusé tout au long de la journée de répondre aux questions sur l'ancien sénateur républicain, qui fut l'un des rares dans son camp à le critiquer ouvertement, le président des États-Unis a diffusé lundi un communiqué saluant, a minima, son engagement pour son pays.
L'AFP rappelle qu'à cette occasion, il a annoncé que le drapeau américain flottant sur la Maison Blanche, qui avait été abaissé ce week-end puis relevé lundi matin dans un étrange ballet, serait de nouveau placé à mi- mât pour le reste de la semaine, jusqu'à l'enterrement de celui qui a siégé plus de 35 ans au Congrès et fut candidat à la présidence.
«En dépit de nos différences politiques, je respecte l'engagement du sénateur John McCain pour notre pays», a-t-il souligné dans ce court texte publié deux jours après le décès de l'ancien pilote, torturé durant la guerre du Vietnam.
MCCAIN CRITIQUAIT RÉGULIÈREMENT TRUMP
Plusieurs associations d'anciens combattants étaient montées au créneau peu avant pour demander au président de changer de posture et d'adopter un comportement plus rassembleur.
«Nous apprécions vraiment tout ce que le sénateur McCain a fait pour notre pays», a-t-il encore dit lundi soir, lors d'un dîner à la Maison Blanche en l'honneur de dirigeants évangélistes.
Consterné par le discours de repli nationaliste et protectionniste du 45e président des États-Unis, John McCain dénonçait régulièrement, et avec une liberté de ton sans équivalent au sein du parti républicain, le style et les provocations de l'ancien homme d'affaires de New York.
Dans un message posthume lu par son porte-parole, celui qui fut surnommé «le dernier lion du Sénat» a mis en garde les États-Unis contre la tentation du repli et les risques de la division, une dénonciation à peine voilée de l'actuel locataire de la Maison Blanche.
«Nous affaiblissons notre grandeur lorsque nous confondons notre patriotisme avec des rivalités tribales qui ont engendré le ressentiment, la haine et la violence aux quatre coins de la planète. Nous l'affaiblissons quand nous nous cachons derrière des murs, plutôt que de les faire tomber», a écrit John McCain peu avant sa mort à l'issue d'une longue bataille contre le cancer.
Obama et Bush présents aux funérailles, pas Trump
Son porte-parole a par ailleurs confirmé que Trump n'assisterait pas aux funérailles nationales prévues samedi à Washington, où ses prédécesseurs Barack Obama et George W. Bush vont prononcer un éloge funèbre.
La rupture avec les codes et les usages de la politique américaine fut la marque de fabrique du candidat Trump. Elle est aussi, dans une large mesure, celle du président américain.
Mais le fait qu'il pousse cette logique aussi loin, dans un pays friand de moments, même éphémères, d'unité nationale, a surpris et choqué nombre d'élus.
Trump refuse la publication d'un communiqué
Jusqu'à lundi soir, le contraste était saisissant : depuis le décès samedi à 81 ans du sénateur républicain au verbe haut, les hommages s'accumulent des deux côtés de l'échiquier politique, mais aussi à travers le monde.
Le 45e président des États-Unis, lui, s'en était tenu à un tweet laconique dans lequel il adressait ses condoléances à la famille. Contrairement à son vice-président Mike Pence ou à sa femme, Melania, il n'avait pas dit un mot sur la vie, le parcours ou les combats de John McCain.
Selon le Washington Post, il a même refusé la publication d'un communiqué préparé par ses services, dans lequel l'ancien prisonnier de la guerre du Vietnam était qualifié de «héros».
Une série d’hommage pour l’ancien combattant
Les hommages à l'élu octogénaire, dont Barack Obama a loué le «courage» hors du commun, vont s'étaler sur toute la semaine.
Dans l'hémicycle du Sénat, le pupitre de John McCain était couvert lundi d'une étoffe noire et décoré de roses blanches.
Après avoir été présenté mercredi au capitole de l'Arizona, son cercueil sera transporté à Washington, où il sera présenté vendredi au public dans la rotonde du Capitole, un honneur réservé aux grands personnages de l'histoire des États-Unis comme John F. Kennedy ou Rosa Parks. Le vice-président Mike Pence sera présent.
Les funérailles nationales auront elles lieu samedi dans l'imposante cathédrale de la capitale fédérale. Le président Trump a annoncé que le chef du Pentagone Jim Mattis et son conseiller à la sécurité nationale John Bolton y représenteraient son administration.
Parmi les personnes qui porteront le cercueil figurent l'acteur Warren Beatty, l'ancien vice-président Joe Biden et l'ex-maire de New York Michael Bloomberg.