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Aide annulée: les Palestiniens convaincus que Trump veut «liquider» leur cause

Des manifestants palestiniens avec des portraits de l'ancien leader palestinien Yasser Arafat et du président américain Donald Trump lors d'un rassemblement dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 18 juillet 2018 [Jaafar ASHTIYEH / AFP/Archives] Des manifestants palestiniens avec des portraits de l'ancien leader palestinien Yasser Arafat et du président américain Donald Trump lors d'un rassemblement dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 18 juillet 2018 [Jaafar ASHTIYEH / AFP/Archives]

La décision du président américain Donald Trump d'annuler plus de 200 millions de dollars d'aide destinée à la Cisjordanie occupée et à Gaza marque, selon les dirigeants palestiniens, une nouvelle étape visant à «liquider» la cause palestinienne.

L'administration américaine a annoncé vendredi qu'elle allait «rediriger» plus de 200 millions de dollars, soit près de la totalité des fonds initialement prévus pour les Palestiniens pour l'année fiscale 2018, vers «des programmes hautement prioritaires ailleurs».

Cette décision fait suite à une série d'autres, vigoureusement décriées par les dirigeants palestiniens, de la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme la capitale d'Israël en décembre 2017 à la suspension des 300 millions de dollars d'aides versés par les Etats-Unis à l'Unrwa, l'agence onusienne qui s'occupe des réfugiés palestiniens.

Après la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël, rompant avec des décennies de diplomatie américaine, les responsables de l'Autorité palestinienne ont coupé les ponts avec les Etats-Unis.

En réponse, le président américain a annoncé fin janvier qu'il allait conditionner le versement aux Palestiniens de «centaines de millions de dollars» d'aide à leur retour à la table des négociations.

«Complot»

Pour les Palestiniens, cette série de sanctions s’inscrit dans un projet plus large qui vise à briser toutes leurs revendications.

En juin, l'ancien négociateur en chef palestinien Saëb Erekat avait proclamé la nécessité «de faire échouer le complot américano-israélien visant à liquider la cause palestinienne».

Hanane Achraoui, une dirigeante palestinienne a dénoncé samedi les coupes dans l'aide humanitaire américaine en les assimilant à un «chantage minable» destiné à contraindre les Palestiniens à accepter le plan de paix sur lequel la Maison Blanche dit plancher depuis des mois.

«L'Amérique partage maintenant les rêves et les politiques du gouvernement israélien de droite», affirme l'analyste politique palestinien, Jihad Harb.

Des Palestiniens se soumettent à un examen médical de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (Unrwa), aux environs de Hébron, en Cisjordanie occupée, le 9 août 2018 [HAZEM BADER / AFP/Archives]
 
Des Palestiniens se soumettent à un examen médical de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (Unrwa), aux environs de Hébron, en Cisjordanie occupée, le 9 août 2018

Kobi Michael, ancien responsable du ministère israélien des Affaires stratégiques chargé des questions palestiniennes, estime au contraire que les Palestiniens ont été jusque-là «gâtés» par la communauté internationale ainsi que le prétend le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

«Je pense que l'administration américaine a fait ce qu'elle aurait dû faire il y a des décennies», dit-il.

Les coupes américaines interviennent alors que le budget de l'Autorité palestinienne connaît un important déficit et que les conditions de vie dans la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas et soumise à un sévère blocus israélien, se détériorent rapidement.

Le budget 2018, d'un montant de cinq milliards de dollars, est en déficit de 1,2 milliard de dollars tandis que l'aide internationale s'élève à 775 millions de dollars.

Les coupes dans l'aide américaine vont affecter des programmes humanitaires ainsi que des projets d'infrastructures en Cisjordanie occupée et à Gaza.

«une Situation difficile» 

La Maison Blanche n'a en revanche pas annoncé de changement pour le versement de subsides aux forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, qui s'élèvent à 61 millions de dollars cette année. Israël considère que la coopération avec ces services palestiniens est vitale pour faire échec à des projets d'attentats.

Les questions soulevées par l'administration Trump portent sur les dossiers au cœur du conflit israélo-palestinien, tels que Jérusalem et les réfugiés. Les Palestiniens insistent sur le fait que le statut de Jérusalem doit être négocié dans le cadre d'un accord de paix, comme le préconise la communauté internationale.

Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le 22 mai 2017 [MANDEL NGAN / AFP/Archives]
 
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le 22 mai 2017

La décision américaine de reconnaître la ville sainte comme la capitale d'Israël a ravi les Israéliens mais a suscité une large réprobation internationale, et ulcéré les Palestiniens qui revendiquent Jérusalem-Est pour capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Pour la communauté internationale, Jérusalem-Est reste un territoire occupé et les ambassades ne doivent pas s'installer dans la ville tant que son statut n'a pas été réglé.

Le «droit au retour» des réfugiés palestiniens disséminés en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans d'autres pays de la région tels que la Jordanie, le Liban et la Syrie notamment constitue également un élément clé d'éventuelles négociations avec Israël, pour les dirigeants palestiniens.

Quelque 750.000 Palestiniens ont fui ou ont été chassés de leurs terres à la création d'Israël en 1948. En comptant les descendants de ces Palestiniens, le nombre de réfugiés atteint les 5 millions, selon l'Unrwa.

Selon une chaîne de télévision israélienne, la Maison Blanche envisage de ne plus en comptabiliser que 500.000.

Un des responsables de l'ambassade américaine a refusé de confirmer cette information.

En 2018, les Etats-Unis n'ont alloué à l'Unrwa que 60 millions de dollars, après avoir versé 360 millions en 2017, soit près de 30% de son financement total.

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