On ne twerke pas impunément dans la République islamique d'Iran, mais les dissidents ont de la ressource. Des dizaines de femmes ont publié sur les réseaux sociaux des images d'elles en train de danser pour afficher leur soutien à Maedeh Hojabri.
Cette star iranienne, suivie par plus de 54 000 internautes sur Instagram, s'est rendue célèbre en publiant des vidéos où elle danse sur de la pop iranienne et occidentale, sans voile islamique – en l'occurrence le hijab. Sauf que vendredi dernier, elle a été arrêtée par les autorités, avant de passer à la télévision d'Etat pour une apparente confession, rapporte BBC News.
L'Iran dispose en effet de lois particulièrement strictes concernant la liberté des femmes. Elles n'ont, par exemple, pas le droit de danser devant des hommes en public – à l'exception des membres de leur famille. Plusieurs femmes «danseuses» ont récemment été interpellées ces dernières semaines, selon les médias locaux.
Ailleurs qu'en Iran, «c'est inimaginable»
Au lendemain de son arrestation, le blogueur Hossein Ronaghi réagissait sur Instagram : «Si vous dites aux gens partout dans le monde que des jeunes filles de 17 et 18 ans sont arrêtées pour leur danse, leur bonheur et leur beauté sous prétexte d'inciter à la débauche, alors même que des violeurs d'enfants et d'autres sont libres, ils vont rigoler ! Car pour eux, c'est inimaginable !».
هر جای دنیا بگویی که دختران ۱۷ و ۱۸ ساله را بخاطر رقص، شادی و زیباییشان به جرم اشاعه فحشا بازداشت و زندانی کردند و در مقابل متجاوزان به کودکان و ... آزاد هستند، میخندند! چون برایشان باور پذیر نیست!#مائده_هژبری #رقص#آزادی pic.twitter.com/skkYw0gVGt
— Hossein Ronaghi (@HosseinRonaghi) 7 juillet 2018
Un message de solidarité qui a été entendu. Dans la foulée, des dizaines de jeunes internautes se sont affichées en vidéo sur les réseaux sociaux en train de danser chez elles, voire dans la rue, affichant clairement leur soutien à Maedeh Hojabri.
I dance in a public park in Tehran to support Maedeh the 19 year old girl who got arrested for dancing.
در پارک هنرمندان بدونحجاب اجباری رقصیدم ولی نوازنده نگران اینکه بساطش جمع بشه با عذرخواهی آهنگ رو قطع کرد.
برای حمایت از #مائده_هژبری بیا #برقص_تا_برقصیم pic.twitter.com/8JtGU4QOzI— Masih Alinejad (@AlinejadMasih) 7 juillet 2018
«Je danse dans un parc public de Téhéran pour soutenir Maedeh, la jeune femme de 19 ans arrêtée pour avoir dansé.»
میرقصم تا ببیند و بدانند با گرفتن نوجوانها و مائده ها نمیتوانند شادی و امید را از ما بگیرند و ما امید به دیدن ایرانی آزاد،شاد و با آینده روشن داریم.#مائده_هژبری #برقص_تا_برقصیم #westandtogether#westandwithpahlavi
ریتوییت لطفا تا همه ببینند pic.twitter.com/oGsWPSETGL— داش مَموشی (@dashmamush2014) 8 juillet 2018
«Je danse pour que [les autorités] constatent et réalisent qu'elles ne peuvent pas nous ôter notre joie de vivre et notre espoir en arrêtant des adolescentes et des filles comme Maedeh.»
Ce n'est pas la première fois que des Iraniens sont arrêtés pour une affaire de danse. En avril dernier, un officiel de la ville de Mashhad a été interpellé après la publication d'une vidéo montrant des jeunes danser dans un centre commercial du secteur. Huit mois auparavant, six personnes étaient arrêtées pour avoir dansé la Zumba.
En 2014, c'étaient six jeunes Iraniens qui passaient la nuit en prison pour avoir posté une vidéo d'eux en train de danser sur le tube «Happy» de Pharrell Williams dans les rues et sur les toits-terrasses de Téhéran. Ils avaient finalement été condamnés à des peines allant jusqu'à un an de prison et 91 coups de fouet.