Un débat de société émerge en Iran alors que de nombreuses femmes choisissent de laisser tomber leurs voiles sur leurs épaules pour conduire, quitte à s'exposer aux remontrances de la police des mœurs.
Le phénomène prend de l'ampleur avec l'été et la hausse des températures, qui rend plus inconfortable le port du voile. Celui-ci est obligatoire en Iran, pour les femmes, dans les lieux publics. Or, si les voix qui remettent en cause cette règle sont extrêmement rares, la question de la définition de l'espace public, en revanche, fait débat.
Pour les femmes qui veulent conduire sans hijab, la voiture est un espace privé. Mais ce n'est pas l'avis de nombreux officiers de la police des mœurs, qui considèrent que ce qui est visible de l'extérieur est public et n'hésitent pas à interpeller les automobilistes découvertes.
Les médias nationaux, qui ne critiquent jamais ouvertement l'obligation du foulard, se sont emparés de la controverse. Ainsi l'agence de presse étatique Irna, par exemple, publiait ce lundi 10 juillet un débat «Privé ou pas privé ?» qui donnait la parole aux deux camps.
De journaux en chaînes de télévision, des avocats et des parlementaires expliquent régulièrement que la voiture est un espace privé et que la police n'est pas autorisée à y intervenir sans mandat. Un responsable religieux, Abolfazl Najafi Tehrani, a pris position en ce sens, arguant que le harcèlement policier des conductrices risquait de saper la confiance des femmes envers les forces de l'ordre.
De l'autre côté, ce sont les représentants de l'autorité judiciaire qui s'opposent le plus frontalement à la conduite sans voile, considérant que seules les parties cachées d'une voiture, comme le coffre, relèvent de l'espace privé. Un argument raillé par les internautes, qui publient des caricatures de couples s'embrassant dans les coffres des voitures, puiqu'il s'agit des seuls espaces privés.
وقتی میگن فقط #صندوق خودرو #حریم_خصوصی است pic.twitter.com/mJUIjilMgk
— بوف آستیگمات (@arash1789) 7 juillet 2017
Ce débat s'inscrit dans un contexte de tension croissante entre le gouvernement, relativement progressiste, d'Hassan Rohani, et l'autorité judiciaire, indépendante et bien décidée à garder son autorité sur la population.