Migrations, Brexit, sécurité et défense, zone euro... Le Conseil européen des jeudi 28 et vendredi 29 juin sera truffé de sujets de discordes.
Ce devait être un sommet de routine, ce sera une réunion de crise. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a prévenu hier, dans une lettre préparatoire, les 28 dirigeants de l’Union, qui se retrouvent aujourd’hui et demain à Bruxelles : «les enjeux sont très élevés, et le temps est court».
Alors que les tensions ne cessent de s’exacerber entre les États-membres, cette réunion a pour objectif de trancher plusieurs dossiers cruciaux. Mais rien ne garantit que les 28 y parviennent. En effet, qu’il s’agisse de la crise migratoire, des modalités du Brexit ou de la réforme de la zone euro, aucun consensus évident ne semble se dessiner.
Les raisons de la discorde
Le débat sur la politique migratoire, qui «s’enflamme de plus en plus», selon Donald Tusk, sera le point principal du sommet. De fait, la ligne du nouveau gouvernement italien, qui refuse de laisser accoster les navires humanitaires sur les côtes de la botte, rend indispensable l’élaboration d’une politique commune.
Mais cette situation d’urgence n’atténue en rien les désaccords observés depuis plusieurs mois. D’un côté, la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie, désormais rejoints par l’Italie, s’opposent catégoriquement à l’accueil de nouveaux demandeurs d’asile. De l’autre, l’Allemagne a accepté plus d’un million d’arrivants depuis 2015. Entre les deux, plusieurs pays s’accordent sur le principe d’une répartition des migrants entre les États-membres, sans parvenir à le mettre en œuvre.
Cette question ressurgit en outre dans les débats sur le Brexit, de nombreux Britanniques ayant voté pour la sortie de l’UE pour mettre fin à l’arrivée d’étrangers. Or, à moins d'un an de l’entrée en vigueur du divorce, ses modalités restent très flous, notamment concernant la circulation des personnes.
Cette incertitude inquiète plusieurs leaders patronaux, qui ont exhorté hier, dans un communiqué, Bruxelles et Londres à «mettre davantage de rythme et d’urgence dans les négociations». L’absence d’accord «serait terrible pour les entreprises», ont-ils insisté.
Le départ du Royaume-Uni constitue, par ailleurs, un frein à la mise en place d’une politique européenne de défense, Londres étant l’un des acteurs militaires majeurs du continent. Les 27 gardent toutefois espoir de renforcer leur sécurité commune, sujet qui devrait également être évoqué.
Enfin, la création d’un budget de la zone euro pourrait être mise sur la table, mais la formule envisagée par l’Allemagne n’est qu’une très modeste version de celle souhaitée par Emmanuel Macron.
Des accords à la carte
Face à l’impossibilité de s’entendre, les États-membres sont de plus en plus nombreux à assumer des accords entre un plus petit nombre de pays. La question migratoire en offre un exemple frappant, avec deux réunions concurrentes la semaine dernière. À Vienne, le chancelier Sebastian Kurz a ainsi réuni les pays d’Europe centrale opposés à l’accueil des migrants, trois jours avant un mini-sommet d’une dizaine d’États-membres, dont la France.
Et cette Europe à la carte dépasse largement le cadre du débat sur l’asile. Récemment, neuf pays de l’Union se sont ainsi engagés dans un nouveau mécanisme de défense renforcée. Un fonctionnement qui pose question, alors que l’UE vient d’accepter d’ouvrir des négociations en vue d’un nouvel élargissement, à la Macédoine et à l’Albanie.