L'actrice Salma Hayek s’étaitconfiée en décembre sur le harcèlement, les humiliations et les menaces qu’elle dit avoir subi de la part du producteur Harvey Weinstein, accusé par une centaine d’autres actrices depuis le mois d’octobre.
Intitulé «Harvey est mon monstre aussi», le texte de Salma Hayek, publié dans le New York Times, raconte que le producteur controversé, qui aurait commencé à la harceler au début des années 2000, lui aurait notamment demandé, à de nombreuses occasions, de prendre une douche avec lui, de le laisser avoir un contact sexuel avec elle ou de se mettre nue devant lui avec une autre femme.
Salma Hayek décrit la manipulation de l’homme, à qui, assure-t-elle, elle a toujours refusé de céder. «Ne pas lui ouvrir la porte de ma chambre au milieu de la nuit, alors qu'il se présentait sans prévenir (...). Refuser de prendre une douche avec lui. Refuser de le laisser me regarder prendre une douche. Refuser qu'il me masse. Refuser qu'un ami à lui, nu, ne me masse. Refuser de lui faire une fellation (...),» énumère-t-elle. «Non, non, non, non, non... Et à chaque refus, la colère machiavélique d'Harvey».
«Toutes les allégations sexuelles décrites par Salma ne sont pas exactes et d'autres qui ont été témoins de ces événements ont un souvenir différent de qui s'est passé», a réagi mercredi une porte-parole du producteur dans un message transmis à l'AFP.
«J'étais une chose, juste un corps»
«Dans ses yeux, je n'étais pas une artiste. Je n'étais même pas une personne. J'étais une chose : juste un corps», écrit l'actrice, visiblement meurtrie par ses souvenirs. La star revient en outre sur la production du film «Frida», un projet qui lui tenait particulièrement, étant une grande admiratrice de la peintre mexicaine Frida Kahlo.
Le studio Miramax, fondé et dirigé par Harvey Weinstein et son frère Bob, avait décidé de produire le film (sorti en 2002), dont Salma Hayek était également co-productrice et détentrice des droits du script, relate l'AFP. Mais en réalisant que Salma Hayek ne cèderait jamais à ses avances, même pour ce film, Harvey Weinstein lui aurait dit qu'il avait choisi une autre actrice qu'elle pour incarner le rôle principal. L'actrice aurait alors saisi des avocats pour plaider la mauvaise foi et récupérer le contrôle de la production. Elle n'aurait pas réussi, mais aurait tout de même finalement conservé le premier rôle.
Un tournage chaotique
«Même si Jennifer Lopez était intéressée par le rôle de Frida et était une plus grande star à l'époque, M. Weinstein est allé outre l'avis d'autres investisseurs et a soutenu Salma pour le premier rôle», a affirmé la porte-parole du producteur en disgrâce. Durant le tournage, Harvey Weinstein aurait continué à tourmenter l'actrice en critiquant, à plusieurs reprises, la direction du projet ou Salma Hayek elle-même. «Il m'a dit que la seule chose que j'avais pour moi, c'était mon sex-appeal, et qu'il était absent du film», explique la star. Le producteur lui aurait notamment demandé de gommer certains aspects du personnage, ses épais sourcils ou sa claudication.
«Comme dans la plupart des projets collaboratifs, il y a eu des frictions créatives sur 'Frida', mais cela a permis d'amener le projet à la perfection», a répliqué la porte-parole d'Harvey Weinstein.
Toujours plus loin dans les exigences
Le producteur serait allé encore plus loin, en posant comme condition sine qua non pour aller au bout de ce film, que Salma Hayek tourne une scène de sexe nue, avec une autre actrice. Se rendant compte que le projet n'aboutirait pas sans cela, elle dit avoir finalement accepté mais avoir été physiquement malade durant le tournage de la scène.
Harvey Weinstein «ne se souvient pas d'avoir mis la pression sur Salma» pour qu'elle tourne cette scène «et n'était pas là au moment du le tournage», a assuré la porte-parole de l'ancien magnat d'Hollywood.