L'ex-président Lula, incarcéré pour corruption, a donné le feu vert à son Parti des Travailleurs (PT, gauche) pour qu'il trouve, s'il le souhaite, un autre candidat à la présidentielle au Brésil, dont il est donné favori tout en encourant une inéligibilité.
Le PT a toutefois rapidement confirmé le maintien de la candidature de Luiz Inacio Lula da Silva, sa seule chance de revenir au pouvoir. «Je voudrais que vous vous sentiez totalement libres de prendre quelque décision que ce soit parce que 2018 est une année très importante pour le PT, pour la gauche, pour la démocratie», a écrit la figure emblématique de la gauche dans une lettre lue par la présidente du parti, Gleisi Hoffmann, tard lundi lors d'une réunion de la direction du parti.
L'un des cadres du PT, Alexandre Padilha, a publié sur Facebook une vidéo où l'on voit Mme Hoffmann lire une partie de la lettre de Lula.
Pas de plan B
Peu après la publication de cette vidéo, Gleisi Hoffmann a indiqué sur son compte Facebook que le PT s'en tenait à la candidature de Lula. «Le peuple veut que Lula soit libre, que Lula soit président! Il n'y a pas de plan B, parce que Lula est innocent», a-t-elle dit, assurant que la candidature de celui qui a déjà été deux fois président (2003-2010) serait approuvée lors d'une convention nationale et enregistrée auprès du tribunal électoral le 15 août.
Le PT n'a pas non plus de plan B dans la mesure où aucun autre de ses dirigeants n'a le charisme ni l'expérience de Lula, figure historique de la gauche brésilienne, et n'est susceptible de dépasser les 2% dans les sondages.
C'est le cas des deux personnalités dont le nom a pu être cité : l'ex-maire de Sao Paulo Fernando Haddad ou l'ancien gouverneur de Bahia Jaques Wagner, dont la candidature serait de surcroit plombée par des soupçons de corruption.
Dans sa lettre, Lula a ajouté être «heureux» des résultat du dernier sondage Datafolha, qui, malgré son incarcération, le place toujours très largement en tête des intentions de vote à la présidentielle d'octobre, à 31 % - quoique en recul de six points.
Condamné en deuxième instance à douze ans et un mois de prison pour corruption et blanchiment d'argent, Lula a commencé à purger sa peine le 7 avril au siège de la police fédérale de Curitiba (sud).
Lundi soir, ses avocats ont déposé de nouveaux recours devant les tribunaux supérieurs, contre la condamnation à une peine de prison de Lula et pour qu'il lui soit possible, s'il le souhaite, de se présenter à un troisième mandat présidentiel.
Alors qu'en tant qu'ancien président Lula bénéficie de conditions privilégiées d'incarcération, dans une cellule de 15 M2 sans barreaux, avec douche et toilettes privées, plusieurs journaux évoquaient son prochain transfèrement. La Police fédérale aurait, selon eux, demandé qu'il soit amené «dans un établissement pénitentiaire adéquat».
Interrogée par l'AFP, un avocat de Lula a indiqué que la défense de l'ex-président «ne ferait pas de commentaire sur la demande de la police fédérale, d'abord parce que cette question est confidentielle et ensuite parce qu'elle n'en a pas été saisie».
Lula n'a pu à ce jour que recevoir la visite de ses avocats à Curitiba. Celle de ses amis politiques comme l'ancienne présidente Dilma Rousseff, qui lui avait succédé, ou les responsables du PT, et même du prix Nobel de la paix Adolfo Pérez Esquivel ont été refusées.