En 2017, le nombre de victimes civiles du conflit en Afghanistan, a été évalué à 3.438 morts et 7.015 blessés. Depuis quatre ans, le bilan annuel dépasse la barre des 10.000 victimes.
La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) qui a publié ce nouveau rapport a toutefois enregistré une baisse de 9% par rapport à 2016. Une diminution qui s’explique notamment en raison du recul des affrontement directs entre les forces pro-gouvernementales et les insurgés.
Mais l’ONU s’inquiète du nombre de victimes civiles causées par des attaques suicides, plus important que les années précédentes. Au total, 57 attaques suicides et attentats ont fait 605 morts et 1.690 blessés en 2017, une augmentation de 17% en un an. C’est la première cause de mortalité et de blessures, avec les mines et autres engins explosifs.
Le 31 décembre 2017, un attentat à la moto piégée avait tué dix-huit personnes et blessé 13 autres, à Jalalabad, lors des funérailles d’un ancien gouverneur de district. Trois jours avant, une autre attaque avait eu lieu dans la capitale, dans un centre culturel chiite à Kaboul, où quarante-et-une personnes ont été tuées.
130 morts en dix jours fin janvier
Le pays n’a pas été épargné le mois suivant puisque cent trente personnes ont été tuées et 250 blessées en dix jours, fin janvier. Le 27 janvier, une très forte explosion à Kaboul avait tué 103 personnes.
«En majorité, les civils ont été tués au cours d’attaques menées par les groupes anti-gouvernementaux. Cela ne désigne pas que les talibans, mais aussi Daech», a expliqué Tadamichi Yamamoto, représentant spécial à la Manua. «Les statistiques montrent que la plupart des civils sont morts à cause d’attaques suicides, d’engins explosifs improvisés, de combats au sol, de fusillades, ou de restes explosifs de guerre».
Selon la Manua, ce sont les forces américaines qui sont en partie responsables du nombre de victimes puisque ce sont les seules de la coalition occidentale à conduire des opérations aériennes. Au total, les bombardements américains ont tué 154 civils et en ont blessés 92 dans quarante-neuf opérations.
Attaques sectaires contre les chiites
Les travaux de l’ONU, eux, attribuent près des deux-tiers de toutes les victimes aux insurgés (42% aux talibans, 10% à Daesh et 13% indéterminés), 13% aux forces gouvernementales et 2% aux forces internationales.
L’ONU s’inquiète également de l’augmentation des attaques sectaires perpétrées par Daesh contre la communauté chiite et les mosquées. En octobre 2017, une attaque-suicide avait visé une mosquée chiite de Kaboul et causé la mort de 56 personnes. «Les gens sont tués pendant leurs activités quotidiennes, quand ils voyagent en bus, prient à la mosquée, ou simplement parce qu’ils passent à côté du bâtiment visé», a déploré l’ONU.
«La mission a dénombré près de cinq cent victimes d’attentats suicides contre les lieux de prière, au milieu des pèlerins, principalement à Kaboul», a affirmé Daniell Bell, directrice des droits humains à la Manua.