Les participants du Forum économique mondial attendent un choc des cultures lors du discours final du président.
A la fois attendu et redouté. Donald Trump, est arrivé jeudi 25 janvier à Davos, où il doit prononcer vendredi 26 janvier le discours de clôture du Forum économique mondial. Une allocution qui promet de trancher avec les odes au multilatéralisme et au libre-échange qui se sont succédé ces derniers jours dans la célèbre station de ski suisse, en particulier de la part des dirigeants européens. Le président américain, qui multiplie les mesures protectionnistes, semble en effet décidé à vanter sa doctrine «America First» (l’Amérique d’abord). Au risque de bousculer les autres participants.
Deux visions concurrentes
À en croire ses dernières publications sur Twitter, Donald Trump vient en Europe pour «raconter au monde à quel point l’Amérique est formidable et comment elle va bien». Une bonne santé qu’il attribue à sa politique isolationniste, entre remise en cause des traités de libre-échange internationaux et hausse des taxes sur les importations. Cette politique, les lieutenants de Donald Trump, arrivés avant lui à Davos, l’assument parfaitement. Le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, a ainsi affirmé mercredi que les «guerres commerciales» avaient toujours existé, la seule nouveauté étant que, désormais, «les troupes américaines montent au front». Sur la même ligne, le ministre du Trésor, Steven Mnuchin, s’est félicité de la faiblesse du dollar face à l’euro, avant d’être contredit hier soir par son président, ressuscitant les doutes d’une bataille monétaire.
Cet état d’esprit unilatéraliste et parfois belliqueux a été critiqué au début du sommet. Les dirigeants Emmanuel Macron et Angela Merkel ont notamment plaidé, à quelques heures d’intervalle, pour la recherche de solutions communes aux problèmes du marché mondialisé. Une approche même partagée par le Premier ministre indien Narendra Modi, qui a dénoncé l’unilatéralisme dans son discours d’ouverture. «Il y a clairement deux voies», a reconnu le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, tout en mettant en garde contre l’idée d’une «confrontation entre l’Europe et les Etats-Unis». C’est Donald Trump lui-même qui donnera la mesure de ce contraste dans son discours, dont personne ne peut anticiper le contenu avec certitude. «Ce qui est le plus surprenant, avec le président Trump, c’est sa capacité à surprendre, et je suis sûr que nous serons surpris», a ainsi souligné le vice-président de la Banque européenne d’investissement, Alexander Stubb.
Un patron parmi les patrons
Mais pour Donald Trump, Davos n’est pas qu’une opposition de style. En effet, si sa politique commerciale détonne avec celles des autres dirigeants, sa politique fiscale a de quoi séduire les chefs d’entreprise de tous bords, qui composent l’essentiel des 3.000 participants du forum. La réforme qu’il a fait adopter en décembre abaisse en effet le taux de l’impôt sur les sociétés de 35 % à 21 %, plaçant les Etats-Unis sous la moyenne des pays de l’OCDE.
Une mesure qu’il aura probablement vantée auprès du petit groupe d’entrepreneurs européens avec qui il devait dîner hier. Par ailleurs, il profite de son passage au forum pour avancer sur ses dossiers diplomatiques, en s’entretenant notamment avec les dirigeants britannique, Theresa May, et israélien, Benjamin Netanyahou. Pour le président américain, Davos est loin de n’être qu’un terrain hostile.