Angela Merkel qui fait son grand retour international, et Emmanuel Macron dont Davos s'est déjà entiché : le duo porte mercredi les couleurs européennes au Forum économique mondial, face à l'arrivée en masse des «troupes» américaines.
Donald Trump lui-même n'arrivera que jeudi et tiendra un discours vendredi. Il se fera «le meilleur vendeur» de son pays, a dit la Maison Blanche.
Ses lieutenants occupent déjà le terrain dans la très chic station de ski suisse, survolée par un ballet d'hélicoptères.
Donald Trump vient certes promouvoir son programme «L'Amérique d'abord», mais il entend «travailler avec le reste du monde», a dit le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.
Les quelque 3.000 participants du Forum économique mondial, en majorité des grands patrons et des dirigeants politiques, sont très attachés au libre-échange et au multilatéralisme, autant de principes que le milliardaire américain pourfend régulièrement.
Steven Mnuchin a également assuré que les Etats-Unis ne se lançaient pas dans une «course au moins-disant» fiscal, alors que Washington vient d'adopter une réforme des impôts très favorable aux multinationales qui fait grincer des dents en Europe.
Lors du même point-presse, le secrétaire au Commerce Wilbur Ross a lui choisi un vocabulaire plus belliqueux.
Les Etats-Unis «montent au front»
«Cela fait un bon moment qu'il y a des guerres commerciales. La différence aujourd'hui, c'est que les troupes américaines montent au front», a-t-il dit, alors que Washington vient d'imposer des taxes sur un certain nombres d'importations asiatiques, en particulier des panneaux solaires produits en Chine.
Les bataillons européens seront pour leur part mobilisés jeudi autour de «Merkron», le duo formé par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron, qui doivent s'exprimer chacun à leur tour dans l'après-midi.
Forts de la reprise économique en zone euro, tous deux chercheront à incarner un contre-modèle à l'Amérique de Trump face au ghota de la finance et de l'économie mondiale, dont les jets et les berlines noires convergent jusqu'à vendredi vers les rues enneigées de Davos.
Le président français arrive en territoire conquis ou presque à Davos, après avoir reçu lundi en grande pompe à Versailles nombre de grands patrons en route pour les sommets suisses enneigés, pour les convaincre de «choisir la France».
Emmanuel Macron, qui entend jouer un rôle diplomatique important au Proche-Orient, profitera de son passage à Davos pour s'entretenir avec le roi Abdallah II de Jordanie et avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Le président français ne fait qu'un aller-retour éclair à Davos, et n'y croisera donc pas Donald Trump. Mais le président américain vient d'inviter son homologue à lui rendre visite à Washington cette année.
Par contraste, Angela Merkel, occupée à constituer laborieusement un gouvernement de coalition, suscite moins d'enthousiasme que par le passé à Davos, même si son pays reste l'incontestable locomotive économique de la zone euro.
«Merkel n'a toujours pas de gouvernement. Macron est l'histoire du moment», a déclaré à l'AFP Richard Edelman, patron d'une influente société de relations publiques.
«Il est loin le temps où Merkel pouvait considérer que l'Europe s'en sortirait sous sa seule direction, avec une France très faible», écrit Judy Dempsey, dans une note pour l'institut de réflexion Carnegie Europe.
Gentiloni, Tsipras, Temer
D'autres responsables européens tâcheront de gagner les faveurs de Davos mercredi.
Le Premier ministre italien Paolo Gentiloni, par exemple, qui vient faire un discours moins de deux mois avant les élections dans son pays.
Ou encore le chef du gouvernement grec Alexis Tsipras, à quelques mois de la fin du programme de soutien dont bénéficie Athènes depuis 2015.
Le roi d'Espagne Felipe VI s'adressera également au gotha de l'économie mondiale, une intervention qui promet d'être très suivie pour cause de crise politique en Catalogne.
Du côté des pays émergents, le plus en vue mercredi pourrait être le président brésilien Michel Temer qui intervient à Davos à un moment tout à fait particulier pour son pays.
Une cour d'appel brésilienne doit en effet se prononcer mercredi sur le sort judiciaire, et donc sur l'avenir politique, de l'ex-président Lula, condamné à neuf ans et demi de prison pour corruption.