Sous l'égide d'un grand coq rouge en origami, les entreprises de la French Tech seront cette année encore présentes en force au Consumer Electronics Show (CES), le grand salon de l'électronique de Las Vegas.
La France va envoyer 365 entreprises, collectivités et organisations au CES du 9 au 12 janvier, selon un recensement du secrétariat d'Etat au Numérique. Parmi elles, 274 jeunes pousses -plus du tiers du total- exposeront dans l'Eureka Park, la Mecque des start-ups.
Elles proposent beaucoup d'objets connectés pour la maison, l'e-santé et les automobiles, mais aussi des drones, des caleçons anti-ondes, des écouteurs qui suppriment les bruits de fond, des lunettes anti-endormissement au volant ou même un robot-compagnon pour chiens capable de lancer des croquettes.
«C'est un record de la présence française», se réjouit auprès de l'AFP, Eric Morand, directeur du département Tech and Services de Business France, l'organisme public qui aide les entreprises françaises à l'international. «C'est un bon signe! On continue notre montée en puissance.»
Business France accompagne directement 36 start-up françaises, dont elle a préparé les responsables avant le grand voyage vers le Nevada. Comment «pitcher» (se présenter de façon convaincante en un rien de temps), comment gérer ses relations avec les médias, comment tirer parti de ses relations, etc.
Le CES très médiatisé
Les autres y vont accompagnées par de grands groupes, des régions, des incubateurs... ou toutes seules.
«Le CES est devenu très médiatisé, et comme c'est un salon avec des produits plutôt grand public, avec la presse du monde entier -en particulier, les Français en parlent beaucoup depuis quelques années- pour une jeune société qui est dans le secteur du 'hardware plutôt BtoC' (avec un produit technologique de grande consommation) c'est très tentant d'aller sur le CES», note M. Morand.
Ces start-ups, résume-t-il, viennent pour trois raisons : avoir de la visibilité et «sortir du lot», trouver des investisseurs, et enfin, pour celles qui sont les plus mâtures, trouver des distributeurs et des acheteurs.
Retombées médiatiques
«Le CES, c'est la grand-messe, c'est intéressant pour nous d'y être», confirme à l'AFP Xavier Tumminello, porte-parole de la plateforme de streaming de musique en haute définition Qobuz. D'autant, annonce-t-il, que «ça y est, on va enfin se lancer sur le marché américain!»
Même tremplin espéré vers les Etats-Unis pour AsamGo, une star-up brestoise qui lance la commercialisation de son objet flottant intelligent (Ofi), une petite balise qui change de couleur en fonction de la qualité de l'eau de la piscine.
«Quand c'est rouge, il faut sortir les enfants à toute vitesse!», s'amuse sa cofondatrice, Annick Le Bihan, qui résume en une phrase sa présence à Las Vegas : «Le premier marché en termes de piscines privées, c'est les Etats-Unis, le deuxième, c'est la France.»
Quant à la jeune pousse parisienne Blue Frog Robotics, qui s'apprête à lancer Buddy, un charmant robot-compagnon, elle en est à son troisième passage au CES et a obtenu un prix de l'innovation.
«La course à l'échalote»
En 2016, elle présentait un concept qui lui a permis de trouver les fonds nécessaires pour se lancer, et en 2017 la société avait un produit et a pu «rencontrer des partenaires pour le contenu», explique à l'AFP sa directrice marketing Maud Verraes. Le but du jeu est cette année de «rencontrer des distributeurs à l'international, et aussi des investisseurs», ajoute-t-elle.
D'autres sociétés rencontrées par l'AFP gardent pour l'instant un horizon beaucoup plus français.
«Les retombées médiatiques pour les start-ups françaises sont supérieures à Las Vegas à ce qu'on ferait dans des événements en France», explique-t-on par exemple chez e.vone, filiale du groupe Eram qui propose des chaussures connectées pour personnes âgées prévenant les proches en cas de chute.
Reste, observe le consultant Olivier Ezratty, que certaines start-up «exposent avec des offres destinées aux entreprises qui n'ont rien à voir avec les marchés grand public» visés par le CES.
«Il y a aussi la course à l'échalote entre les régions» qui font que celles-ci veulent emmener le plus de jeunes pousses possibles avec elles, pointe-t-il.
Le nombre d'«erreurs de casting» atteint ainsi 18% cette année parmi les start-ups françaises, contre 12% en 2017, selon lui.