Un an après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, Wall Street se targue d'une insolente progression, portée par les promesses du candidat républicain et par un alignement exceptionnel des planètes économiques.
«C'est une année remarquable pour les investisseurs en actions», a jugé Alan Skrainka de Cornerstone Wealth Management.
Les trois principaux indices de Wall Street ont affiché des hausses jamais observées depuis 2013, le Dow Jones bondissant de 25,08%, le Nasdaq de 28,24% et le S&P 500 de 19,42%, collectionnant au passage les records tout au long de l'année.
«Le Dow Jones a inscrit 71 records en 2017, ce qui ne s'est pas vu depuis la création de l'indice en 1896. Le S&P 500 en a décroché 62, s'inscrivant derrière l'année 1995 avec 77 clôtures à des sommets», a calculé Howard Silverblatt de S&P Dow Jones Indices.
Sur l'année, 5 des 11 secteurs qui composent le S&P 500 ont avancé de plus de 20%, les plus fortes hausses revenant aux sociétés de la technologie (+36,9%) et de la finance (+20,03%).
Malgré quelques déboires en fin d'année, Apple s'est ainsi envolée de 46%, Facebook de 53%, JPMorgan de 24% et Bank of America de 33%.
A l'inverse, l'énergie (-3,8%) et les télécoms (-5,9%) font partie des secteurs perdants.
Chute du dollar
Ces progressions rarement observées ont été le fruit d'une multitude de facteurs selon les analystes.
«D'une façon assez exceptionnelle, toutes les planètes se sont alignées. La forte croissance mondiale a eu un impact très rapide sur les résultats des entreprises», a estimé Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.
«A cela il faut ajouter la baisse du dollar et l'espoir de réformes fiscales en Europe et aux Etats-Unis qui ont été des moteurs extrêmement puissants».
Le dollar a reculé de près de 10% sur l'année, favorisant les revenus des grandes entreprises exportatrices américaines.
Promesse de Donald Trump à son arrivée au pouvoir, la grande réforme fiscale qui va notamment abaisser le taux d'imposition des entreprises de 35% à 21%, a en outre été reçue par Wall Street comme une manière d'améliorer encore davantage les profits des sociétés.
«On pourrait qualifier Wall Street cette année de marché "téflon". Aucune mauvaise nouvelle, Corée du Nord, menace de blocage sur le budget ou autre, n'a réellement accroché les indices plus d'un ou deux jours», a par ailleurs remarqué M. Volokhine, soulignant que les indices ne sont pas euphoriques mais «reflètent les réalités économiques qui sont presque partout meilleures que prévu».
Les acteurs de Wall Street ont d'autant plus observé 2017 comme un bon cru que le niveau de volatilité sur les valeurs a été particulièrement faible.
Volatilité en berne
Alors que la hausse des cours a été supérieure à la normale, «la volatilité a été inférieure à la normale. En d'autres termes l'année 2017 pourrait être qualifiée de "déjeuner gratuit"», a expliqué Sam Stovall de CFRA, les investisseurs ayant profité de rendements conséquents dans un environnement peu risqué.
De plus, les taux de rendement sur les bons du Trésor américains sont restés très bas «malgré trois hausses des taux d'intérêts de la banque centrale américaine», rappelle William Lynch de Hinsdale Associates.
Le taux d'intérêt à 10 ans a terminé l'année à 2,431%, soit un niveau proche de celui de janvier.
«Les rendements offerts ont été très bas pour les investisseurs dans les produits à revenus fixes (produits liés aux taux d'intérêt) qui du coup se sont déportés vers le marché action», a-t-il ajouté.
A l'entame de 2018, les analystes semblent voir peu de nuages à l'horizon.
«Les effets de la réforme fiscale vont commencer à se faire ressentir dès cette nouvelle année. Dans deux semaines, la saison des résultats reprend avec JPMorgan et WellsFargo en tête. Les résultats sont attendus en hausse», a noté M. Silverblatt.