Rappel des principaux développements depuis l'annonce le 4 novembre à Ryad de la démission surprise du Premier ministre libanais Saad Hariri jusqu'à son arrivée, samedi, à Paris.
Cette démission intervient dans un contexte de fortes tensions sur plusieurs dossiers entre les deux poids lourds de la région, l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite.
Démission choc
Le 4 novembre, Saad Hariri, alors en Arabie saoudite, annonce sa démission, dans une déclaration retransmise par la chaîne Al-Arabiya à capitaux saoudiens. Il accuse le Hezbollah et son allié iranien de «mainmise» sur le Liban et dit craindre pour sa vie. Il accuse Téhéran d'avoir «créé un État dans l'État».
Téhéran rejette de son côté des «accusations sans fondement».
Dès le lendemain, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, accuse l'Arabie saoudite d'avoir contraint M. Hariri à la démission, alors que cette annonce a coïncidé avec l'arrestation de dizaines de princes, de ministres et d'hommes d'affaires dans une purge sans précédent en Arabie saoudite. Le 7 novembre, le Premier ministre démissionnaire, reçu la veille par le roi Salmane, effectue une visite à Abou Dhabi.
Hariri «détenu», selon le Hezbollah
Le 10 novembre, le président libanais Michel Aoun, élu en 2016 grâce au soutien du Hezbollah, exprime son «inquiétude» quant au sort de M. Hariri. Le chef du Hezbollah accuse l'Arabie saoudite de «détenir» M. Hariri et d'avoir demandé à Israël, l'ennemi juré du mouvement chiite, de frapper le Liban.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian déclare qu'à sa «connaissance», M. Hariri est libre de ses mouvements.
Le 12 novembre, le président Aoun dénonce «les circonstances obscures» dans lesquelles M. Hariri «vit à Ryad».
Saad Hariri annonce qu'il va «très bientôt» rentrer dans son pays. «Je suis libre ici, si je veux voyager demain, je voyage». «J'ai écrit ma démission de ma main, et j'ai voulu provoquer un choc positif», dit-il lors d'un entretien avec sa chaîne de télévision libanaise, Future TV.
Deux jours plus tard, le patriarche maronite, le cardinal Bechara Raï, effectue une visite historique en Arabie saoudite, où il est reçu par le roi Salmane et rencontre M. Hariri. «Je suis convaincu par les raisons de sa démission». «Il reviendra au Liban dès que possible», dit-il.
Le président français Emmanuel Macron, qui avait effectué une visite éclair le 9 novembre à Ryad pour rencontrer le prince héritier, «réitère son souhait que Saad Hariri puisse se rendre au Liban comme il l'a annoncé».
Le 15 novembre, Michel Aoun accuse Ryad de détenir M. Hariri. «Nous le considérons donc comme en captivité et détenu (...)», dit-il. «Je veux répéter et assurer que je vais très, très bien». «Je vais revenir si Dieu veut à mon cher Liban comme je vous ai promis», tweete de son côté M. Hariri.
Implication de Paris
Le 15 novembre, le président Macron annonce avoir «invité» Saad Hariri à venir avec sa famille en France. Le 16 novembre, Jean-Yves Le Drian rencontre à Ryad M. Hariri qui confirme qu'il se rendra «très bientôt» en France alors que le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir assure qu'il est libre de quitter Ryad «quand il veut».
Le 17 novembre, M. Hariri affirme que son séjour dans le royaume visait «à mener des consultations concernant l’avenir du Liban et ses relations avec ses voisins arabes».
Le président français annonce qu'il accueillera samedi à l'Élysée Saad Hariri «en tant que Premier ministre» du Liban car sa «démission n'est pas reconnue dans son pays puisqu'il ne s'y est pas rendu».
Le 18 novembre, Saad Hariri est arrivé en France avec son épouse Lara. Il est accueilli à l'Elysée par Emmanuel Macron.