Des images exceptionnelles. Grand reporter à Paris Match et spécialiste du Vatican, Caroline Pigozzi cosigne avec le directeur du quotidien romain L’Osservatore Romano, Giovanni Maria Vian, Les photos secrètes du Vatican.
L’ouvrage, qui vient de paraître, rassemble plus de 300 clichés méconnus – sélectionnés par Marc Brincourt, rédacteur en chef photo de Paris Match et ses deux coauteurs –, sur ce micro-Etat qui reste entouré de grands mystères. Une plongée insolite et vue de l’intérieur.
Comment vous est venue l’idée de cet ouvrage ?
J’ai fait ce livre car, à Paris Match, nous avons un tel fonds d’archives d’images de papes et du Vatican que c’était une frustration de ne pas les montrer.
Cinquante couvertures ont été consacrées aux papes depuis 1949, et nous souhaitions, au départ, avec Marc Brincourt, les rassembler dans une exposition, or cela n’a pas été possible. Nous avons donc décidé de les réunir dans un livre. Si je devais résumer l’ouvrage en deux mots, je dirais : «Vatican et émotions», tant ces photos insolites parlent d’elles-mêmes.
Comment la sélection des clichés a-t-elle été effectuée ?
Marc Brincourt a fait un premier choix puis, avec Giovanni Maria Vian, nous les avons sélectionnés dans une totale collaboration et complicité, chacun d’entre nous apportant sa vision laïque, journalistique et historique.
Quelles sont vos photos préférées ?
La plus bouleversante à mes yeux est celle où François se tient aux côtés de sans-abri, le jour de son 77e anniversaire. On perçoit bien que l’une de ses priorités est d’aider les plus faibles.
J’aime aussi celle où on le voit prier, allongé sur le sol, ce qui témoigne, là encore, d’une grande humilité. De même, celle du général de Gaulle priant en la Basilique Saint-Pierre-de-Rome, en juin 1944, m’impressionne, car il se montre tel qu’il est, dépassant les questions de laïcité.
Le livre consacre tout un chapitre aux femmes. Quel est leur rôle ?
Longtemps cachées, elles existent néanmoins et commencent enfin à être reconnues. D’ailleurs, François vient de nommer deux femmes laïques à la curie, le gouvernement du Vatican.
En Argentine, son pays d’origine, il travaillait avec des femmes, et les écoutait. Ainsi mesure-t-il leur importance dans la société.
Le Vatican a-t-il eu un droit de regard sur votre ouvrage ?
Non. Par courtoisie, Giovanni Maria Vian a prévenu le Vatican, et nous avons travaillé sans aucune censure puisque nous ne leur avons rien soumis. A ma grande fierté, j’ai remis notre livre la semaine dernière au pape François, qui me l’a dédicacé avec la mention : «Avec ma bénédiction.»
Les photos secrètes du Vatican, éditions Gründ (Plon). 29,95 euros.