Les autorités thailandaises s'en défendent, mais cela ressemble fort à un fichage de masse. A partir du 15 décembre prochain, chaque personne souhaitant utiliser une carte SIM pour téléphone mobile devra au préalable laisser ses empreintes digitales.
Pour la junte militaire au pouvoir, il s'agit officiellement de sécuriser les paiements effectués en ligne via smartphone.
«Nous entrons dans l'âge du digital, notre argent est désormais uni aux services liés aux mobiles. En faisant cela, nous allons améliorer la confiance dans les banques en ligne et les systèmes de paiement», a assuré lundi 6 novembre devant la presse Takorn Tantasith, secrétaire général de la Commission nationale des télécommunications.
«Certaines personnes utilisent de fausses identités pour enregistrer leurs cartes SIM, ce qui pose problème», a-t-il ajouté, assurant que les données collectées seraient protégées.
Les touristes étrangers en partie concernés
Mais si les autorités thailandaises se veulent rassurantes, à peine la décision annoncée qu'elle suscite déjà de vives critiques sur les réseaux sociaux du pays.
En pratique, les citoyens thaïlandais devraient avoir le choix entre laisser leurs empreintes digitales ou être photographiés, leur visage étant ensuite relié à un système de reconnaissance faciale afin que les autorités puissent vérifier ensuite que ces informations correspondent bien au fichier national des cartes d'identité.
Quant aux touristes étrangers, qui commencent à arriver en nombre avec le lancement de la saison touristique, ils n'auront - a priori - qu'à se soumettre à la reconnaissance faciale (qui sera comparée à la photo de leur passeport à leur entrée dans le pays) pour acheter une carte SIM, mais devraient être dispensés de laisser leurs empreintes.
Un marché peu régulé
Ce n'est pas la première fois que la Thaïlande fait parler d'elle sur le sujet des cartes SIM.
En juin, la police du pays avait ainsi arrêté trois Chinois qui avaient réussi à acheter près de 400.000 cartes SIM afin de faire fonctionner une «ferme à clics».
Ce genre d'entreprise clandestine consiste à proposer, essentiellement à des personnalités ou des entreprises, des milliers de clics «like» («mentions j'aime») sur leurs réseaux sociaux, grâce à des dizaines d'employés payés pour les faire.
C'est d'ailleurs à la même époque que les autorités avaient lancé le projet d'empreintes digitales sur téléphones portables.
Un test avait ainsi été lancé dans le sud du pays, en proie à une rébellion séparatiste musulmane connue pour avoir utilisé des téléphones portables pour activer des bombes à distance.