Le Cachemire indien est en alerte. Près d'une centaine de femmes originaires de cette région montagneuse du sous-continent indien affirment en effet avoir été agressées par des individus masqués qui leur ont coupé les cheveux.
A chaque fois, le scénario décrit est le même : un inconnu approche les victimes quand elles sont seules. Puis, il les rend inconscientes avec un gaz, avant de s'emparer de leur chevelure.
Alors que les autorités peinent à déterminer la véracité de ces agressions, certains officiels allant jusqu'à parler d'inventions et de psychose, les conséquences de ces attaques, vraies ou fausses, sont en revanche bien réelles.
#braidchoppers are causing residents of India-administered Kashmir sleepless nights. Women are attacked and their hair cut off pic.twitter.com/5FMGEuIWG4
— TRT World (@trtworld) 21 octobre 2017
Une vague de violences
Ainsi, depuis que l'affaire a éclaté à la mi-septembre, un homme de 70 ans a été tué par un groupe d'autodéfense.
Les médias locaux évoquent même que, d'une façon quasi quotidienne, des bandes s'en prennent aux «coupeurs de tresses» supposés.
Dès la nuit tombée, des hommes armés de barres de fer et de couteaux patrouillent en effet dans la capitale Srinagar et d'autres villes à la recherche de suspects.
Dernièrement, la police a secouru un homme souffrant de «problèmes mentaux» qu'une foule tentait d'immoler par le feu et d'écraser avec un tracteur.
De rares témoins
Dans le même temps, les témoins de ces supposées agressions sont rares. Une jeune femme, Tasleema, explique par exemple avoir été attaquée en allant chercher des légumes dans le garde-manger.
Son mari a raconté avoir entendu un cri et retrouvé sa femme gisant au sol inconsciente, 15 centimètres de cheveux coupés à son côté. «Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé», aurait-il dit, en brandissant la tresse.
«Quelqu'un a essayé de m'étrangler par derrière. J'ai vu son visage recouvert d'un masque noir. J'ai vu ses yeux. Puis, je ne sais pas», déclare Tasleema.
Comme Tasleema, la plupart des femmes victimes étaient seules au moment des attaques supposées. Au début de l'affaire, la police avait accusé les victimes de se couper elles-mêmes les cheveux.
Des conséquences politiques
Aujourd'hui, elle offre 600.000 roupies de récompense (environ 7.800 euros, ndlr) pour toute information conduisant à l'arrestation de suspects, mais demande aussi aux victimes de se soumettre au détecteur de mensonges.
Dans cette région en majorité musulmane, la plupart des femmes ont les cheveux longs et portent le voile en public.
Désormais sous pression, le gouvernement du Cachemire indique que les «motivations» des agresseurs font l'objet d'une enquête.
Mais, de leur côté, des chefs séparatistes et des habitants accusent «des agents du gouvernement» d'être les auteurs de ces attaques dans le but de répandre la peur et détourner l'attention de la lutte pour un Cachemire indépendant ou un rattachement avec le Pakistan.