Il y a quelques jours à Raqqa, des jihadistes retranchés dans l'hôpital national se battaient jusqu'au dernier souffle. Mercredi, un silence de mort régnait autour du bâtiment où des mouches s'agglutinaient au-dessus de deux corps en décomposition.
Le complexe hospitalier et le stade de football, tout juste repris par les Forces démocratiques syriennes (FDS) - une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue part Washington - étaient les deux dernières poches de Daesh dans Raqqa.
Les jihadistes avaient fait de cette ville du nord de la Syrie leur principal bastion dans le pays en guerre, la transformant pendant trois ans en un laboratoire de l'horreur de leur califat autoproclamé.
Mercredi, près des corps en décomposition, des Corans, des médicaments et un petit carnet noir rempli de dates et de numéros étaient dispersés sur le sol. «Numéro Whatsapp de ma femme, Oum Islam la Marocaine» peut-on lire à côté d'un numéro de téléphone syrien. Un des cadavres porte encore une ceinture d'explosifs.
D'après les FDS, 22 jihadistes étrangers ont été tués au cours de l'assaut final sur l'hôpital, où des opérations de ratissage et déminage doivent être lancées dans les prochains jours. Au moins deux explosions, très certainement causées par des mines posées par les jihadistes, ont été entendues dans la ville mercredi.
Dans le stade municipal abandonné, deux bulldozers sont déjà à l'oeuvre, formant des monticules de gravats. Sous les gradins, les jihadistes avaient transformé l'espace en prison. Dans les petites cellules de fortune, des civils accusés de contrevenir aux lois ultraconservatrices que Daesh faisait appliquer étaient détenus pendant des jours entiers.
«Ils nous ont humiliés»
Ahmad al-Hassan, un combattant des FDS, a été l'un d'eux. A l'occasion de sa première visite à Raqqa mercredi, il est revenu voir la cellule où il avait été détenu en 2015 pendant sept jours, avec 35 hommes. Son crime ? Avoir tenté d'empêcher un combattant de Daesh d'arrêter sa femme pour avoir brièvement montré son visage dans la rue. Debout, dans un corridor sombre, il peine à trouver les mots. «C'est ici qu'ils nous ont humiliés», lâche-t-il. Sur le mur d'une autre cellule, un message écrit à la main, au feutre noir. "Que Dieu nous sauve! Que Dieu nous aide!".