Producteur le plus puissant d'Hollywood, Harvey Weinstein est tombé de son Olympe, accusé de harcèlement sexuel et de viols, ce sur plusieurs décennies. Il a été évincé de l'empire qu'il avait fondé, Miramax.
«Pulp fiction», «Kill Bill», «The Artist», «Gangs of New York», «Shakespeare in love»... c'est lui. En tout, les longs-métrages qu'il a produit ont accumulé 303 nominations et récolté soixante-quinze statuettes aux Oscars.
Reconnu comme surdoué par ses pairs, comment Weinstein a-t-il construit son empire?
C'est d'abord l'histoire d'une entreprise familiale. Avec son frère cadet Bob, il hérite de son père, Max, un diamantaire, la passion du cinéma.
En 1979, grâce à l'argent accumulé en produisant des concerts de rock, Harvey et Bob cofondent la société de production Miramax, contractant le nom de leur père à celui de leur mère, Miriam.
La tactique des frères Weinstein? Miser sur des films d'art et essai, jugés non rentables par les grands studios d'Hollywood. Leur coup de génie ? «Sexe, mensonges et vidéos», de Steven Soderbergh, qui reçoit la palme d'or à Cannes en 1989.
S'enchaînent alors des immenses succès : Reservoir dogs (1992) et Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarantino, Le Patient anglais (1996) d'Anthony Minghella, Will hunting (1997) de Gus Van Sant ou encore Fahrenheit 9/11 (2004) de Michael Moore.
«Harvey les ciseaux»
Reconnu pour son professionnalisme et son engagement parfois excessif dans les films, Harvey Weinstein hérite du surnom «Harvey les ciseaux» pour sa propension à couper selon son bon vouloir des scènes au montage.
Les frères Weinstein vendent leur maison de production au géant Walt Disney Company en 1993, mais ne quittent le studio qu'en 2005. Et se lancent alors dans une nouvelle aventure.
Toujours en duo, Harvey et Bob créent le 5 octobre 2005 la Weinstein Company.
Ils poursuivent leur collaboration avec Quentin Tarantino, avec des films comme Boulevard de la mort (2007), Inglourious Basterds (2009), ou plus récemment les Huit salopards (2015).
Considéré comme un génie du marketing, Harvey Weinstein s'illustre en menant la campagne audacieuse du très français The Artist (2011) aux Oscars, qui s'est soldée par cinq statuettes dont meilleur film et meilleur acteur pour Jean Dujardin, ou celles du Discours d'un roi (2010) et de la Dame de fer (2011), qui a valu une récompense comme meilleure actrice pour Meryl Streep.
Après quarante années de succès, sa fortune est aujourd'hui estimée à 150 millions de dollars.