Le Vatican a affirmé dimanche avoir évincé son premier «contrôleur général» des finances, qui avait démissionné en juin sans donner d'explication, parce qu'il avait espionné de hauts responsables.
Une explication intervenue après la publication d'une interview de l'ex-contrôleur général où il affirmait avoir été poussé vers la sortie en raison de ses investigations sur des activités illégales.
«Je n'ai pas démissionné volontairement. J'ai été menacé d'être arrêté», dénonce Libero Milone dans cet entretien à quatre médias, publié notamment par le quotidien italien Il Corriere della Sera.
Ces déclarations ont suscité une réaction du Vatican quelques heures seulement après leur publication: «Le bureau de M. Milone a illégalement eu recours à une société extérieure pour enquêter sur les vies privées de membres du Saint-Siège».
«Cela a altéré de manière irrémédiable la confiance placée dans M. Milone qui, lorsqu'il a été confronté à ses responsabilités, a accepté librement de donner sa démission», a expliqué le Vatican, qui commente très rarement publiquement ses affaires internes.
Expert-comptable et financier laïc italien ayant effectué une grande partie de sa carrière au cabinet d'audit Deloitte & Touche, Libero Milone avait été chargé en mai 2015 de procéder avec «pleine autonomie et indépendance» au contrôle financier des ministères de la Curie et des administrations dépendant du Gouvernorat de la Cité du Vatican.
Il venait alors compléter une «troïka» chargée de moderniser et de contrôler le système économique et financier du Vatican, avec le cardinal australien George Pell, secrétaire (ministre) de l'Economie, et le cardinal allemand Reinhard Marx, coordinateur du Conseil de l'Economie.
Selon Libero Milone, des membres importants du Vatican voulaient s'opposer aux efforts de réforme financière du pape François.
«Je suis vraiment désolé pour le pape. J'avais avec lui une belle relation impossible à décrire, mais au cours des 18 derniers mois on m'a empêché de le voir. Apparemment on ne voulait pas que je lui dise certaines choses que j'avais vues», explique-t-il.
«Je faisais seulement mon travail»
Alors qu'un accord de confidentialité l'empêche de donner des détails sur les irrégularités qu'il a mises au jour, M. Milone suggère que ses ennuis ont commencé lorsqu'il a eu recours à une société extérieure pour vérifier que les ordinateurs de son équipe n'étaient pas espionnés.
Au moment de son embauche, les responsables du Vatican avaient affirmé qu'il serait «complètement indépendant» et aurait accès à tous les documents comptables du petit Etat, ne rendant compte qu'au pape. Mais selon lui il a été accusé d'utiliser la société extérieure pour espionner des responsables du Vatican.
«Ils m'ont accusé d'avoir recherché des informations sur des membres du Vatican de manière impropre. J'ai découvert qu'ils enquêtaient sur moi depuis sept mois», mais «je faisais seulement mon travail», se défend-il.
En novembre 2015, c'est la découverte d'un vol de données sur l'ordinateur de M. Milone, dans son bureau situé non loin de la place Saint-Pierre, qui avait fait éclater le scandale «Vatileaks». Un prélat espagnol avait été condamné dans cette affaire par un tribunal du Vatican pour avoir divulgué des informations jugées confidentielles par le Saint-Siège.