Le gouvernement israélien a abandonné dimanche un projet portant sur l'aménagement d'un lieu de prière mixte devant le Mur des Lamentations, suscitant la colère des militants qui réclamaient un tel espace depuis des années.
Conformément à la stricte tradition ultra-orthodoxe, deux espaces séparés de prière, l'un pour les hommes l'autre pour les femmes, existent devant le Mur des Lamentations, l'un des lieux les plus saints du judaïsme, à Jérusalem-Est.
Des militantes se battent depuis des années pour obtenir le droit, réservé aux hommes, de prier et de lire la Torah collectivement et à voix haute devant ce mur et de porter le châle de prière.
Après des années de querelle, le gouvernement avait décidé en janvier 2016 de créer un espace mixte, sans toutefois que celui-ci ne voie officiellement le jour.
Des membres des partis ultra-ordodoxes Shass et Judaïsme unifié de la Torah ont indiqué dimanche que Benyamin Netanyahu avait accepté de «geler» ce projet, un geste qui reflète selon eux «la volonté de la majeure partie de la nation qui veut sauvegarder le caractère sacré du mur et son statut».
Ce revirement est dû aux pressions de ces partis partenaires de la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahu, alors que le rabbinat ultra-orthodoxe, qui a le monopole sur les affaires religieuses, rejette la mixité au mur des Lamentations.
Cette mixité est en revanche réclamée par les mouvements juifs libéraux qui accordent une place égale aux femmes et aux hommes dans les rituels.
«Déception»
L'annulation de cette décision a été saluée par le rabbin ashkénaze David Lau tandis que les défenseurs de l'égalité entre hommes et femmes au mur des Lamentations ont fait part de leur «déception» face au recul du gouvernement.
Anat Hoffman, présidente de l'association Women of the Wall, qui lutte pour changer les règles sur le mur des Lamentations, a estimé qu'il s'agissait d'une «terrible journée pour les femmes en Israël», accusant M. Netanyahu de «céder à une poignée de religieux extrémistes».
Le judaïsme libéral reste très minoritaire en Israël contrairement aux Etats-Unis. Seulement 7,1% des juifs israéliens se définissent comme tels, contre 26,5% qui disent appartenir au judaïsme orthodoxe, les autres se définissant traditionalistes - respectant les principales fêtes mais pas le shabbat - ou non religieux, selon le centre de recherches Israel Democracy Institute (IDI).