À Amsterdam, une maison close gérée par le conseil municipal a ouvert ce mardi 16 mai. Le but de la mairie est de permettre de donner plus de pouvoir aux prostituées et de meilleures conditions de travail.
Ce «bordel municipal» ne sera pas géré par les employés municipaux, mais par les travailleurs du sexe. La maison close occupera quatorze «vitrines» du célèbre quartier rouge d'Amsterdam, De Wallen, et accueillera une quarantaine de prostituées.
Derrière cette initiative se trouve la fondation «My Red Light», à laquelle de nombreuses prostituées participent. Selon l'une d'entre elles, «tout dans ce projet, des statuts à la décoration des chambres, a été pensé par des travailleurs du sexe», nous rapporte le Guardian. «J'espère que 'My Red Light' offrira un espace de travail plaisant, où les travailleurs du sexe peuvent être qui ils sont et se sentir les bienvenus».
Des cours de comptabilité
Selon le NL Times, cela fait deux ans que la mairie d'Amsterdam travaille sur ce projet que le maire de la ville, Eberhard van der Laan, a présenté en février 2015. Ce «bordel» permettra aux prostituées de choisir leurs propres horaires, et tarifs, et amplifiera la dimension sociale de cette profession : un salon reservée uniquement aux travailleurs du sexe a été créé, où ils «pourront boire du thé et apprendre à se connaître les uns les autres - les clients n'auront pas le droit d'y aller», a expliqué Marieke de Ridder, membre de l'équipe qui supervise 'My Red Light'.
Outre ce salon, toutes les pièces de cette maison close ont été pensées pour faciliter le quotidien des travailleurs du sexe. Les chambres sont plus grandes et plus colorées que celles qu'on peut trouver dans le quartier rouge. Des cours vont également être organisés : «Nous pensons à des cours de massage, mais aussi de comptabilité et sur l'aspect fiscal de la profession», a expliqué Marieke de Ridder.
La prostitution légale aux Pays-Bas
Les habitants d'Amsterdam ont rapidement renommé ce projet «le bordel municipal», mais Sonja Pol, en charge du programme de prostitution de la ville, a expliqué que, bien que le maire ait fait «tout ce qui est en son pouvoir pour démarrer le projet», la mairie «ne joue plus aucun rôle dans ce projet».
La prostitution, aux Pays-Bas, est légale depuis 2000 : il est nécessaire d'obtenir une licence pour ouvrir un «bordel», et les travailleurs du sexe sont imposables. Cette mesure, prise pour «nettoyer» l'industrie du sexe dans le pays, n'a pas réellement porté ses fruits, puisqu'Amsterdam est toujours l'un des lieux favoris des trafiquants d'êtres humains.
Dans un second effort pour réduire la criminalité, la mairie a commencé, dès 2007, à fermer plusieurs vitrines du quartier rouge, mais ce sont les travailleurs du sexe qui en ont souffert. Avec «My Red Light», la mairie d'Amsterdam espère participer à l'émancipation des prostituées.