Le ministre de l'Economie et des Finances français, Michel Sapin, a estimé mardi que les responsables du groupe LafargeHolcim, mis en cause pour avoir indirectement financé des groupes armés en Syrie, devaient être «condamnés».
«Tout financement de cette nature doit être poursuivi et ses responsables, quels qu'ils soient, condamnés», a affirmé le ministre sur la chaîne CNEWS, après l'annonce de la démission du patron du cimentier suisse, Eric Olsen. «Ce n'est pas acceptable que l'on cherche à transiger avec un mouvement terroriste. En transigeant, on donne de l'argent et en donnant de l'argent, on finance», a-t-il ajouté.
«Si mon administration a saisi la justice, c'est bien parce que ce n'est pas supportable, même si localement ce doit être compliqué pour ceux qui ont la responsabilité d'une cimenterie dans un monde aussi violent», a-t-il souligné.
LafargeHolcim, visé en France par une enquête judiciaire ouverte en octobre après une plainte de Bercy, a diligenté une enquête interne au terme de laquelle il a reconnu que des mesures «inacceptables» avaient été prises pour permettre à un site de continuer à fonctionner dans ce pays déchiré par la guerre civile. Des erreurs de jugement «significatives», contrevenant au code de conduite de l'entreprise, ont été commises, a admis le groupe qui a toutefois estimé que Eric Olsen était hors de cause.
Selon une enquête du journal Le Monde publiée en juin dernier, Lafarge avait missionné un intermédiaire pour obtenir de Daesh des laissez-passer pour ses employés aux checkpoints. Achetée en 2007 par le français Lafarge, cette cimenterie avait été remise en service en 2010 après trois années de travaux qui avaient coûté environ 680 millions de dollars, ce qui en faisait le plus gros investissement étranger dans le pays en dehors du secteur pétrolier.