Accusé de trafic de drogue, Miguel Perez Jr est emprisonné et menacé d'expulsion par un juge de l'immigration, comme des centaines d'autres anciens combattants.
Il pensait à tort qu'en rejoignant l'armée américaine il serait naturalisé.
«J'espère que je vais ramener mon fils à la maison», confiait il y a quelques semaines Esperanza Perez, sa mère. «Mon fils est mon héros, c'est votre héros», continuait-elle aux côtés de son mari devant le palais de justice de Chicago, un drapeau américain entre les mains.
Leur fils de 38 ans, ancien soldat des forces spéciales ayant servi à deux reprises en Afghanistan et résident permanent, a découvert à ses dépends que le serment pour se joindre à l'armée ne donne pas automatiquement la citoyenneté.
Des démarches difficiles
Beaucoup font cette erreur: entrer dans l'armée leur permet ensuite d'être naturalisés américains plus facilement, mais ils doivent malgré tout accomplir les démarches nécessaires. Des démarches qui peuvent être difficiles s'ils sont stationnés à l'étranger, et les dossiers de certains peuvent parfois s'égarer.
Les parents de Miguel Perez espéraient que le juge se montre clément et prenne en compte les séquelles psychologiques de la guerre, qui ont conduit l'ancien soldat à se droguer.
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De l'autre côté de la frontière, au Mexique, Hector Barajas, vétéran de 40 ans, vit depuis son expulsion en 2004 ce que Miguel Perez essaie d'éviter.
«Ma vie est terminée»
Son état d'esprit quand il a été expulsé après avoir tiré sur une voiture était simple: «Ma vie est terminée».
Aujourd'hui il gère une organisation dans la ville frontalière de Tijuana pour aider d'autres anciens combattants expulsés comme lui. Il en a déjà hébergé une trentaine, beaucoup âgés de plus de 60 ans.
«Une partie de notre travail ici est de les soutenir, d'aider les gars à obtenir leurs papiers d'identité, à trouver un emploi, afin qu'ils puissent s'adapter à leur vie ici», précise-t-il.
Beaucoup essaient de retourner légalement aux Etats-Unis, mais le processus peut prendre des années. S'il réussit...
Durcissement de la législation
«Beaucoup d'entre eux ont eu du mal à faire face», reconnaît l'ancien soldat. «Il est très difficile d'accepter la réalité que nous sommes certainement ici pour très longtemps».
Hector Barajas est en tout cas persuadé qu'il retournera aux Etats-Unis, même après sa mort, conséquence perverse d'une loi permettant aux anciens combattants expulsés d'être ensuite enterrés dans un cimetière militaire américain.
L'organisation de défense des libertés ACLU précise que le compte exact des anciens combattants expulsés n'est pas connu, mais environ 300 d'entre eux ont été retrouvés, qui ont servi au Vietnam, en Irak ou en Afghanistan.
Beaucoup ont été expulsés après le durcissement de la législation au milieu des années 1990. Depuis lors, l'expulsion des résidents permanents légaux est obligatoire en cas de délit entraînant une peine égale ou supérieure à un an de prison, même en cas de circonstances atténuantes.
Miguel Perez Jr a été reconnu coupable en 2010 pour la fabrication ou la livraison d'un kilo de cocaïne et condamné à 15 ans de prison.
Sans surprise, le juge s'est montré inflexible et quelques semaines après que l'AFP a rencontré ses parents devant le tribunal à Chicago, ceux-ci ont appris que leur fils avait été condamné à être renvoyé au Mexique.
«Ce qui me gène c'est qu'il n'était pas un immigré clandestin, il est entré dans le pays légalement et avait droit à la citoyenneté», estime son père Miguel Perez Sr.
Une pétition pour demander la clémence des autorités a été déposée chez le gouverneur de l'Illinois, Bruce Rauner, et chez la sénatrice de l'Etat, Tammy Duckworth, elle-même une ancienne militaire. Mais aucun des deux n'a encore donné d'indications sur la décision qu'ils comptent rendre et Miguel Perez Jr est toujours en détention.
Plusieurs projets de loi ont été déposés au Congrès pour aider les vétérans expulsés, mais aucun n'a été adopté jusqu'ici.