Elu le 8 novembre, Donald Trump est oficiellement devenu président des Etats-Unis le 20 janvier, lors de sa cérémonie d'investiture. Il a déjà commencé à mettre en oeuvre les nombreuses promesses faites lors de la campagne.
Donald Trump a démarré son mandat sur les chapeaux de roues, multipliant les décrets et annulant certaines décisions de son prédecesseur, Barack Obama. Les contours du premier mandat du président Donald Trump se dessinent ainsi peu à peu.
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Remettre en question la politique américaine sur le climat
L'une des principales craintes entourant l'arrivée au pouvoir de Donald Trump concernait le climat. Le milliardaire avait estimé en 2012 que le changement climatique était un canular ourdi par les Chinois pour affaiblir la compétitivité des industries américaines. Et il a annoncé à plusieurs reprises durant sa campagne qui allait retirer les Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat.
Le nouveau président avait toutefois semblé mettre de l'eau dans son vin. Le 23 novembre, il avait ainsi affirmé dans un entretien au New York Times qu'il «avait l'esprit ouvert» sur la question, ajoutant : «nous allons regarder cela très soigneusement». Donald Trump avait également concédé qu'il existait «un lien, quelque chose» entre le réchauffement climatique et les activités humaines.
Toutefois, la nomination de l'ancien PDG du géant pétrolier ExxonMobil Rex Tillerson à la tête de la diplomatie américaine, et surtout celle de Scott Pruitt, un climato-sceptique revendiqué, aux manettes de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), ont de quoi inquiéter.
Si les Etats-Unis, principaux émetteurs de CO2 de la planète, renonçaient à lutter contre le réchauffement climatique, les conséquences seraient catastrophiques pour l'avenir de la planète. Plusieurs scientifiques ont notamment affirmé que la construction d'un mur à la frontière mexicaine pourrait avoir des effets néfastes sur l'environnement et sur la vie animale de cette zone.
Expulser les sans-papiers des Etats-Unis
Peu après s'être déclaré candidat à l'investiture républicaine, Donald Trump avait émis sa première proposition choc, promettant d'expulser les onze millions de sans-papiers qui se trouvent sur le sol américain. Un projet qu'il a confirmé par la suite, comme en novembre dernier, au micro de la chaîne NBC : «nous allons créer une force chargée des déportations, avait-il déclaré. Nous n'avons pas le choix ! Nous ne savons même pas combien ils sont : huit millions ? Vingt millions ? Nous n'avons aucune idée du nombre d'illégaux dans notre pays. L'immigration illégale nous coûte deux-cent milliards par an».
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Au-delà de l'aspect moral d'une telle mesure, sa mise en place poserait des problèmes. La principale difficulté serait d'identifier et de localiser les sans-papiers, qui par définition se trouvent en dehors des radars de l'administration. Il faudrait donc mobiliser l'ensemble des services de police, des douanes, des services de l'immigration, des services municipaux et même la garde nationale, ce qui coûterait très cher et empêcherait les services en question de mener à bien leurs autres prérogatives. La déporation des immigrés illégaux serait également coûteuse, puisqu'il faudrait mobiliser les transports et organiser le déplacement et l'expulsion de millions de personnes. De plus, les images de familles en pleurs, de travailleurs saisonniers parqués dans des trains et de centres de rétension saturés, terniraient fortement l'image des Etats-Unis à l'étranger.
Washington s'exposerait également à des poursuites judiciaires sur des décennies, de la part des personnes déportées comme des associations de défense des droits de l'Homme, ce qui pourrait potentiellement coûter une fortune au Trésor américain.
Donald Trump lui-même pourrait d'ailleurs être conscient de la difficulté de mettre en place cette mesure. Il a ainsi mis de l'eau dans son vin depuis son élection, disant vouloir expulser «deux à trois millions de criminels», et non plus onze millions comme annoncé au départ.
Interdire l'entrée des Etats-Unis aux musulmans
En décembre dernier, alors que Barack Obama venait d'appeler les Américains à rejeter toute hostilité envers l'Islam, Donald Trump prenait le contrepied du président américain en annonçant qu'il comptait interdire l'entrée du territoire américain aux Musulmans s'il était élu. Hormis le fait qu'une telle mesure serait inefficace pour lutter contre le terrorisme, sa légalité et sa faisabilité apparaîssent plus que douteuses. «Le seul domaine dans lequel la religion constitue un critère légal dans la décision d'accepter ou de refuser l'immigration d'une personne est le cas où celle-ci fuit une persécution religieuse et demande le statut de réfugié, a ainsi rappelé Richard Primus, professeur de droit constitutionnel à l'Université de Michigan, à CBS News. Dire 'pas de Musulmans autorisés ou pas de Chrétiens autorisés' ne serait pas légal. Ce serait même probablement contraire à la Constitution».
Les Etats-Unis ont toutefois, par le passé, déjà interdit l'entrée de leur territoire à un groupe de personnes, mais sur la base de leur nationalité. Jusqu'en 1943 et depuis des décennies, les ressortissants chinois étaient ainsi exclus. Et en 1942, après le massacre de Pearl Harbor, le président Roosevelt avait autorisé l'internement de 110.000 résidents américains d'origine japonaise. Mais en dehors d'un contexte de guerre, et en vertu de la Constitution américaine actuelle comme des règles internationales, exclure un groupe de personnes en raison de sa religion apparaît aujourd'hui impossible.
Depuis, Donald Trump a sensiblement modifié sa proposition, affirmant vouloir interdire l'accès au territoire américain aux ressortissants de pays où sévit le terrorisme islamiste. Le vendredi 27 janvier, il a tenu sa promesse en signant un décret interdisant à tous les réfugiés, quelle que soit leur origine, d'entrer aux États-Unis pendant cent vingt jours. Cette mesure s'applique également aux ressortissants de sept pays : l'Irak, l'Iran, la Libye, le Soudan, le Yémen et la Syrie, à la seule différence que cette interdiction s'applique pour les quatre-vingt-dix jours suivant la signature du président américain. Pour les syriens, il n'y a pas encore de limite dans le temps.
Ce «Muslim Ban» a été très mal reçu par les citoyens américains : le lendemain de sa signature, 2.000 personnes s'étaient rassemblées à l'aéroport J.F.K. pour protester le décret. L'ancien président Barack Obama s'est même exprimé, appelant les américains à se mobiliser.
Construire un mur à la frontière avec le Mexique
Donald Trump a fait de la construction d'un immense mur le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique l'un des points forts de son programme. Cette barrière, qu'il souhaite être assez haute pour empêcher les immigrants illégaux mexicains de l'escalader, ferait plus de 3.000 kilomètres de long. Pour comparaison, le mur de Berlin s'étendait sur 154 kilomètres, et sa construction avait coûté en 1961 l'équivalent de 184 millions d'euros, si l'on tient compte de l'inflation. Et la barrière construite sur la frontière mexicaine par l'administration Bush, en 2006, a coûté plus de 2 milliards d'euros, alors qu'elle ne couvre qu'environ un tiers de la frontière. Et il ne s'agissait pas d'un véritable "mur", comme celui que veut ériger Donald Trump. Un tel édifice, selon les estimations de la chaîne américaine CNBC, pourrait ainsi coûter l'équivalent de plus de 20 milliards d'euros. Et ce n'est pas fini, puisque l'entretien de ce mur pourraît coûter chaque année près de 700 millions d'euros. Ce a quoi il faudrait ajouter le personnel chargé de surveiller l'édifice : actuellement, les 21.000 agents déployés à la frontière coûtent plus d'un milliard d'euros par an.
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Selon Donald Trump, «le coût de la construction d'un mur à la frontière serait bien inférieur à ce que les contribuables paient chaque année en raison de l'impact de l'immigration illégale sur le pays", peut-on lire sur son site officiel. Sans toutefois qu'aucun chiffre ne soit avancé. Afin de contrer les critiques, il a déclaré que c'est le Mexique qui paierait le mur. Mais il est peu probable que Mexico soit du même avis. L'ancien président Vicente Fox a ainsi déclaré : "nous ne paierons pas pour ce p*** de mur !!».
Depuis qu'il a été élu, le milliardaire a toutefois précisé que le mur pourrait être plus modeste que prévu au départ. «Sur certaines portions, une clôture sera suffisante», a-t-il ainsi déclaré sur CBS. Mais il est loin d'avoir renoncé, et espère fait payer le Mexique «d'une manière ou d'une autre». Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a annoncé jeudi 26 janvier que Donald Trump songeait à appliquer une taxe de 20% sur tous les produits venus du Mexique, afin de financer le mur. Selon Spicer, les États-Unis pourraient «récolter dix milliards de dollars par an et facilement payer pour le mur grâce à ce seul mécanisme».
Réduire drastiquement les impôts
Donald Trump a promis de réduire drastiquement les impôts, fidèle à sa logique ultra-libérale. Ainsi, les taxes sur les entreprises passeraient de 25% à 15%, et les impôts des particuliers seaient plafonnés à 25%, contre 40% actuellement. Selon les calculs des économistes, les 20% de la population la plus pauvre économiseraient ainsi environ 128 dollars par an, alors que le 1% le plus riche gagnerait près de 275.000 dollars par an.
Lorsque le milliardaire républicain s'est vu demander lors de l'un des débats des primaires républicaines comment il comptait s'y prendre pour financer son programme, il a simplement répondu : «nous allons appliquer mon plan, et ce sera formidable. Nous allons avoir à nouveau une économie dynamique». Mais certains économistes, comme ceux du Committee for a Responsible Federal Budget (le comité pour un budget fédéral responsable) estiment que son programme est irréaliste. «Donald Trump promet plus qu'il ne peut offrir», estime ainsi le directeur du Comité, Marc Goldwein. Selon les calculs de ce groupe non-partisan, les propositions de Donald Trump coûteraient près de 15 mille milliards de dollars sur 10 ans, ce qui ferait passer la dette des Etats-Unis de 86% en 2026 (si les politiques menées par le gouvernement Obama restaient en place) à près de 140%.
Revoir la relation avec la Chine
Mettant en avant son sens des affaires et ses talents commerciaux, Donald Trump a annoncé son intention de renégocier un a un tous les accords économiques avec les partenaires étrangers, et notamment la Chine, avec laquelle il se lancerait dans une véritable guerre commerciale. «Ils ont pris nos emplois, ils ont pris notre argent. Ils ont tous pris, a-t-il ainsi lancé en parlant du gouvernement chinois. Ce qu'ils nous ont fait est la plus grande escroquerie de l'Histoire de l'Humanité». Un discours qui, semble-t-il, porte ses fruits auprès des électeurs américains, et dont Donald Trump a donc fait une priorité. Le milliardaire clame en effet que Pékin manipule les taux de change, maintenant sa monnaie (le Yuan) artificiellement bas, et que l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 a coûté leur emploi à 10 millions d'Américains.
Donald Trump a ainsi exigé de la Chine qu'elle ouvre son marché aux produits américains et qu'elle cesse ce qu'il estime être une concurrence déloyale, menaçant de prendre des mesures radicales. Le candidat a ainsi affirmé le mois dernier lors d'une réunion avec des représentants du New York Times qu'il imposerait une taxe de 45% sur tous les produits provenant de Chine. Une mesure qui s'avérerait être contraire aux règles de l'Organisation mondiale du commerce, et qui pourrait entraîner une plainte légitime de la part de Pékin. De plus, cela entraînerait une forte augmentation des prix des produits chinois pour les consommateurs américains, qui se verraient donc pénalisés.
Intensifier la lutte contre Daesh
Concernant la lutte contre Daesh, Donald Trump estime que l'administration Obama ne se montre pas assez offensive. «Personne ne serait plus dur que Donald Trump sur l'Etat islamique, personne!», avait-il ainsi lancé lorsqu'on lui a demandé quelle stratégie il adopterait. Il ne s'est toutefois pas montré particulièrement précis sur le sujet, mais a clamé qu'il ferait en sorte que l'intervention militaire menée par l'armée américaine soit plus efficace. «Je trouverai le général Patton ou le général MacArthur, je trouverai le bon mec. Je trouverai le mec qui va prendre en main le militaire et le faire vraiment fonctionner», a-t-il affirmé. Il a également proposé de s'en prendre militairement aux familles des membres de Daesh, afin de susciter la peur chez eux. Une stratégie qui pourrait toutefois, si elle était appliquée, se traduire par des crimes de guerre.
En finir avec l'Obamacare
Le miliardaire souhaite mettre fin à l'assurance santé universelle mise en place par Barack Obama, trop coûteuse à ses yeux et qui ne bénéficierait pas à tous les Américains. Sa principale proposition pour la remplacer est d'introduire davantage de concurrence entre les assurances : «au lieu d'avoir une seule assurance qui prend en charge New York ou le Texas, vous en aurez plusieurs. Elle se feront concurrence entre elles. Et ce cera une chose magnifique», a-t-il déclaré. Il souhaite également négocier avec les hôpitaux et les entreprises pharmaceutiques afin qu'ils baissent leur prix. Reste à voir si l'administration Trump serait capable d'imposer aux praticiens et fabricants de médicaments de revoir leurs marges.
S'il a confirmé depuis son élection vouloir demander au Congrès de faire annuler Obamacare, Donald Trump a toutefois précisé qu'il avait l'intention de le remplacer par un système d'assurance-santé qui profite à tout le monde, sans toutefois se montrer plus précis. Juste après son arrivée à la Maison Blanche, le président américain a signé un premier décret contre l'Obamacare, qui exige que le département de la Santé face le nécessaire pour minimiser l'impact financier de l'Obamacare. Pour l'instant, ce décret ne change pas réellement la mesure de Barack Obama : seul le Congrès peut accepter d'abroger cette mesure.