58 personnes, dont 11 enfants, ont été tués mardi matin dans une frappe aérienne qui a émis du «gaz toxique» dans une ville du nord-ouest de la Syrie
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué que les personnes, tous des civils, avaient péri par suffocation à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb, mais elle n'était pas en mesure de donner la nature de ce gaz. L'ONG avait dans un premier temps fait mention de 18 morts avant de revoir ce bilan à la hausse. «Des victimes ont succombé après avoir été transportées dans les hôpitaux» a rapporté Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH.
L'armée russe, alliée du président syrien Bachar al-Assad, a rapidement fait savoir qu'elle n'avait pas mené de raids aériens dans le secteur ce jour. Le régime syrien a également démenti toute implication. «Le commandement de l'armée dément catégoriquement avoir utilisé toute substance chimique ou toxique à Khan Cheikhoun aujourd'hui. Il souligne qu'il n'en a jamais utilisé, à aucun moment, à aucun endroit et ne le fera pas dans l'avenir», a souligné l'armée dans un communiqué.
Hollande accuse Bachar al-Assad
Dans un communiqué, le président François Hollande a dénoncé l'attaque «avec indignation», pointant la responsabilité du président syrien. «Comme à la Ghouta le 21 août 2013 Bachar el Assad s’en prend à des civils en utilisant des moyens bannis par la communauté internationale. Une fois encore le régime syrien va nier l’évidence de sa responsabilité dans ce massacre», a-t-il ainsi souligné.
Le chef de l'Etat a également évoqué la responsabilité des «alliés» de Bachar al-Assad, sans le citer directement : «Comme en 2013, Bachar al-Assad compte sur la complicité de ses alliés pour bénéficier d’une impunité intolérable. Ceux qui soutiennent ce régime peuvent une nouvelle fois mesurer l’ampleur de leur responsabilité politique, stratégique et morale».
Le président @fhollande dénonce avec indignation l’attaque aérienne à l’arme chimique perpétrée ce matin à Khan Cheikhoun en Syrie pic.twitter.com/gZROyGTqlT
— Élysée (@Elysee) 4 avril 2017
Londres est sur la même ligne que François Hollande. Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères britannique a ainsi souligné que le drame «a toutes les caractéristiques d'une attaque du régime qui a utilisé de façon répérée des armes chimiques».
La Maison Blanche a également mis en cause le président syrien, condamnant une attaque «intolérable». «L'attaque chimique perpétrée aujourd'hui en Syrie contre des innocents, y compris des femmes et des enfants, est répréhensible», a indiqué Sean Spicer, le porte-parole de Donald Trump.
Réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU
«Aujourd'hui, les nouvelles sont horribles. Evidemment la principale responsabilité repose sur le régime» syrien, a déclaré de son côté la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini à des médias internationaux, en marge de la conférence internationale à Bruxelles sur la reconstruction de la Syrie qui se tient jusqu’à mercredi.
La Commission d'enquête de l'ONU sur les droits de l'Homme en Syrie a d'ores-et-déjà annoncé qu'une enquête avait été lancée. Et l'envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a assuré que l'ONU veut «clairement identifier les responsabilités» de cette attaque et faire «rendre des comptes» aux auteurs.
A la demande de la France et de la Grande-Bretagne, le conseil de sécurité se réunira mercredi 5 avril lors d'une séance extraordinaire.