Entre incertitudes stratégiques et recrudescence de la violence sur le terrain, les négociations qui se poursuivent cette semaine à Genève sur la Syrie suscitent peu d'espoir.
Le 27 février 2016, une trêve s’ouvrait en Syrie, pour la première fois en cinq ans de guerre. Un cessez-le-feu qui devait permettre à l’opposition et au régime de négocier, sous l’égide des Nations unies et avec l’appui de leurs partenaires respectifs, une transition politique.
Mais un an plus tard, l’accalmie des armes n’est plus, sur le terrain, qu’un lointain souvenir. Quant aux pourparlers, qui se sont poursuivis sur trois sessions début 2016, ils doivent tout juste de reprendre lundi, à Genève, pour un quatrième round. Une initiative qui semble compromise, alors que ce week-end, attentats et bombardements ont à nouveau endeuillé le pays.
Des négociations qui s’enlisent
Samedi, des attaques kamikazes attribuées au groupe jihadiste Fatah el-Sham ont fait plus de 30 morts à Homs (ouest), tandis que la veille, un attentat de Daesh avait fait 83 victimes à Al-Bab (nord). À Genève, les représentants du régime syrien ont immédiatement indiqué que dans ces circonstances, les discussions devraient porter en priorité sur la lutte contre le terrorisme.
Un discours qui rappelle celui de l’an dernier, quand un attentat contre la mosquée de Sayyida Zeinab au début des négociations avait ramené au premier plan les enjeux sécuritaires, au détriment de la transition politique. Or, pour l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura, c’est bien sur une transition politique qu’il s’agit de s’accorder lors de cette quatrième session de pourparlers.
"This is our and your opportunity and a solemn historic responsibility"
- @UN Envoy de Mistura to the participants of #SyriaNegotiations pic.twitter.com/u6M6XAfcIU— UN Geneva (@UNGeneva) 24 février 2017
Mais sur ce point, il risque de se heurter au même mur que les fois précédentes, selon le politologue Ziad Majed. «La question-clé reste Bachar al-Assad, explique-t-il. L’opposition, même affaiblie, refuse qu’il reste, mais le régime ne veut pas entendre parler de son départ». Rien, à ce stade, ne permet d’espérer que l’une des parties transige sur ce sujet, si bien que le chercheur redoute que le processus de Genève ne se résume à «des négociations pour des négociations».
D’autant que si régime et opposition ont accepté de s’asseoir à la même table pour l’ouverture de la réunion, les vrais pourparlers ne se font qu’indirectement, par l’intermédiaire de l’ONU.
Une situation militaire incertaine
Pour compliquer encore la situation, les rapports de force sur le terrain sont plus flous que jamais. Ce week-end, alors que ses représentants s’activaient à Genève, le régime, appuyé par la Russie, a repris ses bombardements à travers le pays, tuant au moins treize civils. La semaine dernière, la Turquie reprenait de son côté à Daesh la ville d’Al-Bab, au terme d’un siège de deux mois qui a coûté la vie à plus de 350 personnes.
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Quant aux États-Unis, qui soutiennent en principe les rebelles kurdes, ils n’ont rien annoncé depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, mais pourraient finalement s’allier à Ankara. Dans cette période d’incertitude, les civils, privés dans certaines régions des ressources les plus élémentaires, restent pris en étau entre les attentats et les bombardements.