Des milliers de tracts ont été largués ce dimanche 16 octobre sur Mossoul, le fief de Daesh en Irak, avertissant les civils de l’imminence d’une offensive.
La veille, la Turquie avait annoncé qu’elle prendrait part à l’attaque. Deux semaines après l’envoi en Irak de 600 hommes supplémentaires par les États-Unis et de huit avions de chasse par la France, les alliés semblent plus proches que jamais de l’assaut contre le bastion jihadiste. Une ville d’une importance stratégique et symbolique immense pour le califat autoproclamé.
Une offensive complexe
C’est avec la prise de Mossoul, en juin 2014, que Daesh est apparu sur le devant de la scène internationale, déclenchant quelques semaines plus tard l’intervention d’une coalition internationale antijihadiste en Irak. Plus de deux ans après, la reprise de la deuxième ville du pays s’est imposée comme un objectif majeur.
#MosulOperation
Units of Iraqi army moved from #Baghdad toward the front lines in #Nineveh, in preparation for the battle of #Mosul pic.twitter.com/41Jb6Adigq— مُغرد من الموصل (@Mosul__) 16 octobre 2016
Une fois Mossoul libérée, les ambitions politiques de Daesh en Irak seront en effet sérieusement compromises. Privé de sa capitale et contraint à la clandestinité, le califat redeviendra un simple groupe terroriste sans ancrage territorial.
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Mais l’offensive s’annonce complexe. «Près de 90 % des jihadistes de Mossoul sont des Irakiens de la région, explique Pierre-Jean Luizard, auteur du livre "Le Piège Daesh". La bataille va être très difficile». Cachés parmi la population, sans quartier général fixe, les jihadistes pourraient utiliser près d’un million et demi de civils comme boucliers humains.
En outre, «la question essentielle toujours pas résolue, c’est de savoir à qui Mossoul sera remise», souligne le spécialiste. Plusieurs acteurs s’apprêtent en effet à entrer dans la ville. Si tous bénéficient de l’appui des États-Unis, aucun ne se lance avec les mêmes intentions.
Tensions are erupting before the Mosul offensive even starts. Good rundown by @LovedayM on how messy it could get https://t.co/EMtm9pueln
— Liz Sly (@LizSly) 12 octobre 2016
D’un côté, l’État irakien espère retrouver sa souveraineté, mais cette souveraineté était déjà mise à mal avant l’arrivée de Daesh. De l’autre, la Turquie voudrait faire de la région une province autonome sur laquelle étendre son influence. Enfin, les Kurdes comptent sur une victoire pour renforcer leur pouvoir.
Des divergences qui laissent craindre que Mossoul, une fois libérée, ne retombe dans le chaos.
Prochaine étape, Raqqa?
Si les ennemis de Daesh en Irak sont hétérogènes, ceux du groupe jihadiste en Syrie sont clairement divisés, avec d’un côté le régime de Bachar al-Assad, assistés militairement par la Russie, et de l’autre les rebelles, soutenus par les occidentaux.
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Une offensive conjointe sur Raqqa, la capitale syrienne du groupe terroriste, est inenvisageable, et aucune initiative d’un camp ou de l’autre n’est à l’ordre du jour pour l’instant.
Pourtant, d’un point de vue strictement militaire, la bataille pourrait être moins difficile qu’à Mossoul. En effet, comme le souligne Pierre-Jean Luizard, la plupart des jihadistes de Raqqa sont des combattants étrangers, moins connaisseurs du terrain et moins attachés à leur terre.