Le groupe terroriste Daesh a perdu près de la moitié de son territoire en Irak, selon les dernières estimations du Pentagone.
La coalition arabo-occidentale emmenée par les États-Unis pour appuyer l’armée irakienne a en effet repris les villes de Ramadi et de Hit, ainsi que de vastes parcelles au nord et à l’ouest de Bagdad. Les jihadistes reculent également en Syrie, où ils ont perdu près de 20% de leur territoire. Autant d’éléments qui laissent penser que le groupe terroriste a amorcé son déclin.
Un recul militaire durable
«Nous exerçons une pression synchronisé permanente» sur Daesh, qui «se réduit et se trouve largement sur la défensive», expliquait le week-end dernier l’émissaire spécial de Barack Obama pour la lutte contre l’organisation terroriste, Brett McGurk. De fait, depuis la prise, il y a un an, de Ramadi, récupéré en février par la coalition, le groupe jihadiste n’a emporté aucune victoire décisive sur les sols irakiens et syriens.
Very pleased to confirm that odious #ISIL terrorist Abu Wahib was killed in a US airstrike near Rutbah in #Anbar province. #ISIS #شاكر_وهيب
— Brett McGurk (@brett_mcgurk) 9 mai 2016
Plusieurs combattants islamistes ont été atteints par les frappes, comme le chef militaire d’Al Anbar Abou Wahib, la semaine dernière. Le bombardement de réserves d’armes et d’argent liquide aurait par ailleurs provoqué une crise financière au sein de Daesh, obligé de réduire le salaire de ses soldats.
À ces revers sur le terrain, s’ajoute un ralentissement du recrutement international. Au début du mois, le diplomate européen Gilles de Kerchove annonçait en effet une baisse drastique des départs vers l’Irak et la Syrie. Une observation qui vient corroborer celles du général américain Peter E. Gersten, en Irak depuis un an.
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Fin avril, celui-ci expliquait : «lorsque je suis arrivé ici, on voyait quelque chose comme 1 500 à 2 000 combattants étrangers rejoindre le champ de bataille chaque mois. Après un an de lutte contre l’ennemi, nos estimations font retomber ce chiffre à environ 200».
Un pouvoir de nuisance persistant
Pour compenser cet affaiblissement militaire, le groupe terroriste multiplie les attentats. Ce mardi 17 mai, une triple attaque suicide a fait au moins 63 morts à Bagdad, moins d’une semaine après un triple attentat qui avait couté la vie à plus de 100 personnes dans la capitale irakienne et ses environs. «Plus Daesh perd du terrain, plus il a besoin de montrer à ses ennemis, mais aussi à ses troupes, qu’il est toujours puissant», explique le géopolitologue Frédéric Encel, maitre conférences à Sciences Po.
#Irak l'#Ei revendique l'attentat kamikaze "d'Abou Khattab al-Iraki" du quartier al-Chaab #Bagdad pic.twitter.com/76nWJPHwRf
— Wassim Nasr (@SimNasr) 17 mai 2016
Les jihadistes se reportent par ailleurs sur d’autres zones instables de la planète, en particulier la Libye. «Ils prospèrent sur le chaos», poursuit Frédéric Encel. «La balkanisation de la Libye leur permet de s’y implanter».
Dans ce contexte, les États alliés contre Daesh continuent à renforcer la sécurité à l’intérieur de leurs frontières, et se montrent plus déterminés que jamais sur le terrain.