Le ministère de l’Intérieur kényan a annoncé que des raisons de sécurité nationale poussaient le gouvernement à fermer ses camps de réfugiés. Les conséquences pourraient être dramatiques pour les migrants.
Le communiqué publié par le gouvernement kényan évoque «ses intérêts de sécurité nationale», reconnaît que sa décision «aura des effets négatifs sur la vie des réfugiés», et appelle donc la communauté internationale à «assumer collectivement la responsabilité sur les besoins humanitaires qui découleront de cette action». Des besoins humanitaires qui seront considérables, le territoire kényan abritant notamment le camp de Dadaab, à la frontière somalienne, qui accueille plus de 300.000 personnes ayant fui la guerre civile en Somalie. Dans l'ensemble, près de 600.000 réfugiés sont accueillis au Kénya.
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Les raisons sécuritaires invoquées sont relatives à l’activité des insurgés islamistes Shebabs, le gouvernement kényan suspectant ces derniers de se servir des camps de réfugiés comme de base arrière.
#Kenya to close two massive #refugee camps citing 'national security interests' #Kakuma & #Dadaab (world's largest) pic.twitter.com/iMFIPdpv7K
— Stefan Simanowitz (@StefSimanowitz) 6 mai 2016
«La vie de milliers de personnes» mise en danger
Cette décision a déjà été vivement condamnée par des associations de défense des droits de l’homme, et notamment par l’ONG Amnesty Internationale. «En prenant cette décision irréfléchie, le gouvernement kényan abdique son devoir de protéger les plus vulnérables et met en danger la vie de milliers de personnes» condamne ainsi Muthonu Wanyeki, la directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands lacs au travers d’un communiqué. Médecins Sans Frontières, cités par The Independant, a pour sa part demandé «au gouvernement de reconsidérer sa position et de continuer à fournir une aide humanitaire pour les centaines de milliers de personnes qui en ont désespérément besoin».
Un précédent en 2015
Il convient de rappeler que le Kenya avait déjà demandé en avril 2015 au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés de rapatrier dans leur pays tous les réfugiés somaliens dans un délai de trois mois. Face au tollé, le gouvernement avait reculé et décidé que le rapatriement ne se ferait que de manière volontaire. Un précédent que les ONG espèrent voir se reproduire, mais cette fois le gouvernement kényan semble être sérieux puisqu’il a indiqué avoir d’ores et déjà dissous l’institution nationale en charge des réfugiés.