Angela Merkel a approuvé vendredi la demande turque de poursuites pénales visant un humoriste allemand qui avait insulté Recep Tayyip Erdogan. En Allemagne, insulter le représentant d’un Etat étranger constitue un délit passible de trois ans de prison.
L'affaire remonte au 17 mars dernier quand une chaîne régionale a diffusé un sketch de l’humoriste Jan Böhmermann critiquant la dérive autoritaire du président turc. Cela avait provoqué un petit incident diplomatique entre l'Allemagne et la Turquie, Recep Tayyip Erdogan allant jusqu’à convoquer l’ambassadeur d’Allemagne à Ankara.
Le 31 mars dernier, le même Jan Böhmerman, etait allé encore plus loin. Sur la ZDF, il avait qualifié Recep Tayyip Erdogan de «pédophile» et d’«enculeur de chèvres». Un affront fait sciemment par l'humoriste. En effet, il existe dans le code pénal allemand un article bien singulier qui rend pénalement responsable les personnes qui insultent le représentant d’un Etat étranger. Beaucoup en Allemagne y voit une atteinte à la liberté d'expression.
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Or, pour que la procédure soit enclenchéé, l’Etat concerné doit d’abord en faire la demande au gouvernement allemand qui doit l’autoriser ou non. Le shah d’Iran et Augusto Pinochet y ont eu recours en leurs temps, et Recep Tayyip Erdogan Erdogan entend le faire également. Ce que Berlin a accepté tout en insistant sur sa volonté de supprimer la loi ayant permis cet improbable imbroglio diplomatico-judicaire qui tombe à l'heure ou l'Europe et l'Allemagne doivent composer avec la Turquie pour faire face à l'afflux de migrants.