François Hollande et Angela Merkel ont délivré jeudi un message d'optimisme et d'unité face à la crise des réfugiés, en dépit des frictions du passé, lors d'un 18e Conseil des ministres franco-allemand particulièrement consensuel à Metz.
D'emblée, lors de la conférence de presse qui refermait cet exercice annuel, le président français a célébré "la constance et la confiance" de relations "intenses et continues" entre les deux pays. Ils partagent, a-t-il souligné, une même "volonté" de "trouver pour l'Europe le meilleur chemin".
Quant à la chancelière, elle a répondu par un trait d'humour aux critiques formulées à la mi-février par le Premier ministre Manuel Valls sur sa politique d'ouverture à l'égard des réfugiés. Visitant un camp d'accueil à Munich, le chef du gouvernement français avait jugé que cette politique n'était "pas tenable dans la durée".
"Des mots un peu difficiles ou des critiques ont plutôt tendance à me stimuler qu'à me mettre en colère", a déclaré dans un sourire Mme Merkel, face à Manuel Valls, assis au premier rang lors de la conférence de presse.
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Commentaire apaisant de François Hollande: "Je suis parfaitement conscient de ce qu'a été la situation en Allemagne: cet accueil de dizaines, de centaines de milliers de personnes et de ce que ça a pu représenter."
D'une manière générale, les deux dirigeants, qui étaient accompagnés chacun d'une quinzaine de membres de leurs gouvernements respectifs, se sont montrés satisfaits de l'évolution de la crise des réfugiés.
"Je suis très heureuse aujourd'hui, sachant toutefois que nous ne sommes pas encore venus à bout de toutes les tâches qui nous incombent", s'est félicité la chancelière. François Hollande a insisté pour sa part sur la nécessité d'un "retour aux principes de Schengen, à la maîtrise de notre frontière extérieure".
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La seule annonce concrète toutefois de ce Conseil des ministres conjoint en lien avec cette crise aura été la création d'un Conseil de l'intégration franco-allemand.
"Ça s'appelle faire de la politique"
Dans un tout autre registre, les deux dirigeants étaient très attendus aussi sur la question des "Panama Papers". Si Angela Merkel n'a dit mot de cet immense scandale d'évasion fiscale, François Hollande a affiché sa fermeté. "Les sociétés en Europe" dont les agissements frauduleux ont été révélés à cette occasion "seront poursuivies", a-t-il averti.
Angela Merkel et François Hollande se sont également rejoints sur le dossier libyen, réaffirmant leur "soutien" au gouvernement libyen d'union nationale de Fayez al-Sarraj, constitué à Tripoli.
Au chapitre de la politique intérieure, le président de la République a été rattrapé à Metz par l'émoi suscité par son ministre de l’Économie Emmanuel Macron qui a annoncé la veille la création de son mouvement politique, En Marche!, à 13 mois de la présidentielle de 2017.
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"Un ministre veut dialoguer avec les citoyens, ça s'appelle faire de la politique et faire en sorte que des convictions puissent être partagées", a simplement observé François Hollande.
Comme on lui demandait si l'initiative de son ministre marquait le début d'une recomposition politique en France, le chef de l’État a répondu dans un sourire, sous le regard attentif d'Emmanuel Macron, assis dans les premiers rangs : "Je vous confirme, si vous n'en étiez pas informé, qu'il n'y a pas de gouvernement de coalition en France."
A ses côtés, la chancelière a clos l'échange, amusée, d'une phrase: "Et moi je m'occupe d'un gouvernement de coalition", entre les conservateurs de son parti, la CDU, et les sociaux-démocrates du SPD.