"La France doit devenir un Etat plus laïc", a estimé de façon surprenante le pape François, dans un entretien avec des catholiques de gauche français, rapporté mercredi par l'hebdomadaire La Vie.
"Votre laïcité est incomplète. La France doit devenir un pays plus laïc", car sa laïcité "résulte parfois trop de la philosophie des Lumières, pour laquelle les religions étaient une sous-culture. Et la France n'a pas encore réussi à dépasser cet héritage", a jugé Jorge Bergoglio.
Le souverain pontife a reçu mardi pendant une heure et demie une délégation des Poissons roses, mouvement politique d'inspiration chrétienne affilié au Parti socialiste (PS). L'entretien a été rapporté dans l'hebdomadaire La Vie par le directeur de la rédaction, Jean-Pierre Denis.
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Le concept de laïcité introduit dans la démocratie française est "sain", a insisté le pape, car, "de nos jours, un Etat se doit d'être laïc". Mais "une laïcité saine comprend une ouverture à toutes les formes de transcendance, selon les différentes traditions religieuses et philosophiques. La recherche de la transcendance n'est pas seulement un fait, mais un droit". Le pape a dénoncé le "poison" des idéologies. "On a le droit d'être de gauche ou de droite. Mais l'idéologie, elle, ôte la liberté".
Il a aussi exprimé son inquiétude pour l'Europe qui "s'affaiblit et risque de devenir un lieu vide (...) en oubliant son histoire". "Le seul continent qui puisse apporter une certaine unité au monde, c’est l'Europe. La Chine a peut-être une culture plus ancienne, plus profonde, mais l'Europe seule a une vocation d'universalité et de service", a-t-il estimé.
François, dont le voyage en France annoncé dès l'an dernier n'a pas encore été programmé, avoue mal connaître la réalité française: "Je suis allé seulement trois fois en France (...) Je ne connais donc pas votre pays. Je dirais qu'il exerce une certain séduction. (...) En tous les cas, la France a une très forte vocation humaniste." "Ma spiritualité est française. Mon sang est piémontais, c'est peut-être la raison d'un certain voisinage" dit-il en citant le jésuite français Michel de Certeau (1925-1986) comme "le plus grand théologien pour aujourd'hui".