Russes et Américains doivent définir vendredi les modalités d'application du cessez-le feu en Syrie, une journée jugée "cruciale" par l'ONU à la veille de l'entrée en vigueur de cette trêve, qui serait la première du genre en cinq ans de guerre.
Le président américain Barack Obama a lui aussi souligné jeudi que les jours à venir seraient "cruciaux", appelant "toutes les parties" concernées, particulièrement Damas et Moscou, à respecter leurs engagements.
Le régime de Bachar al-Assad, l'opposition armée et les forces kurdes ont annoncé qu'ils respecteraient le cessez-le-feu, parrainé par les Etats-Unis et la Russie et censé débuter samedi à 00h00, alors que des doutes subsistent sur son application. Les rebelles sont très affaiblis par la montée en puissance des groupes jihadistes et ne contrôlent plus qu'une partie minime du territoire, notamment près de Damas.
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Les organisations jihadistes, Daesh et le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, qui occupent une grande partie de la Syrie, sont exclus de l'accord de trêve. Ils resteront par conséquent la cible du régime, des frappes aériennes de son allié russe et des raids de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Les modalités du cessez-le-feu, qui s'annoncent très complexes sur le terrain, seront examinées vendredi après-midi à Genève par une "task force" regroupant les représentants des 17 membres du Groupe international de soutien à la Syrie (ISSG) et dirigée par Washington et Moscou. Ensuite, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, aura à 20h une réunion par vidéo avec le Conseil de sécurité après laquelle il décidera si les conditions sont remplies pour une éventuelle relance des discussions intersyriennes à Genève après l'échec de janvier. "Demain (vendredi) sera un jour très important, je dirais même crucial", a déclaré Staffan de Mistura.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait adopter vendredi une résolution qui entérinera l'accord américano-russe de cessation des hostilités en Syrie et exigera son application par toutes les parties prenantes, selon des diplomates. L'adoption de ce texte, proposé par Washington et Moscou, devrait coïncider avec l'audition de Staffan de Mistura.
270 000 morts depuis le début du conflit
Le projet de résolution, dont l'AFP a eu copie, réclame que "toutes les parties à qui s'applique la cessation des hostilités la respectent". Il exhorte les membres de l'ISSG à "user de leur influence sur les parties" afin de parvenir à terme à un "cessez-le-feu durable". Le texte réitère aussi un appel à un "accès humanitaire libre, sûr et rapide" en Syrie, en particulier pour les quelque 4,6 millions de Syriens bloqués dans des zones assiégées ou difficiles à atteindre.
Dans ce conflit qui a fait plus de 270 000 morts et déplacé plus de la moitié de la population syrienne, la Russie et l'Iran soutiennent le régime Assad alors que les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et la Turquie notamment appuient les rebelles.
Alliée des Etats-Unis dans la guerre anti-Daesh, la principale milice kurde syrienne des Unités de protection de peuple kurde (YPG) a annoncé qu'elle respecterait la trêve tout en se réservant le droit de "riposter" en cas d'attaque. Mais la Turquie est en profond désaccord avec son allié américain au sujet des YPG qu'elle considère comme une force "terroriste" et qu'elle bombarde depuis une dizaine de jours. Elle a estimé d'ailleurs que l'accord de cessez-le-feu n'était "pas contraignant" pour elle.
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A l'issue d'une réunion de son Conseil de sécurité nationale à Washington, le président Obama a souligné que la trêve imminente était "une étape possible afin de mettre fin au chaos" en Syrie. "Les jours à venir seront cruciaux, le monde regardera", a déclaré Barack Obama. Tout "dépendra largement du respect de leurs engagements par le régime syrien, la Russie et leurs alliés", a-t-il souligné.
Sur le terrain, les violences faisaient toujours rage ces derniers jours dans plusieurs régions, notamment dans la province d'Alep (nord), où l'armée, appuyée par l'aviation russe, a repris à Daesh Khanasser, une localité stratégique proche de la ville d'Alep. Selon une organisation non gouvernementale, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 20 jihadistes ont été tués dans les raids russes lors de la prise de cette localité.
Fort de ses succès forgés avec l'aide de la Russie, le régime a souligné, en acceptant la trêve, qu'il poursuivrait ses "opérations militaires" contre Daesh, Al-Nosra "et les autres groupes terroristes qui leur sont liés".