L'ONU a annoncé mardi avoir ouvert une enquête sur de nouvelles accusations d'abus sexuels portées contre ses Casques bleus en République centrafricaine (RCA).
Les victimes présumées sont quatre fillettes soumises à des "abus sexuels et une exploitation sexuelle" à Bangui par des soldats de trois pays participant à la Mission de l'ONU en RCA (Minusca). Elles ont été interrogées à Bangui par des enquêteurs de l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, a précisé le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.
Les autorités centrafricaines ont été informées, ainsi que les pays contributeurs de troupes concernés afin que ceux-ci enquêtent et prennent éventuellement des sanctions contre leurs ressortissants, comme le prévoit la procédure. M. Dujarric n'a pas précisé de quels contingents il s'agissait ni combien d'hommes étaient impliqués. Mais selon des sources à l'ONU, il s'agit de soldats du Maroc, du Gabon et d'Egypte.
La Minusca a indiqué par ailleurs que des "forces internationales" à Bangui font également l'objet d'une enquête, sans autres précisions. Citant un communiqué de la Minusca, le porte-parole a indiqué que le chef de la Minusca, le Gabonais Parfait Onanga-Anyanga, avait réitéré la "politique de tolérance zéro" appliquée officiellement par l'ONU envers les délits sexuels.
Cette politique n'empêche pas les abus sexuels d'être un problème récurrent dans certaines missions de maintien de la paix de l'ONU. Selon un responsable de l'ONU, les soldats sont accusés d'avoir violé et exploité sexuellement les quatre filles, toutes mineures, et d'avoir échangé des fournitures contre des faveurs sexuelles. Certaines des victimes vivaient dans un camp pour personnes déplacées à Bangui.
26 cas d'abus sexuels
Ces nouvelles accusations portent à 26 le nombre de cas d'abus sexuels impliquant la Minusca. Elles interviennent alors que l'ONU sort à peine d'un scandale retentissant de viols d'enfants impliquant des soldats français déployés sous commandement français en RCA.
A la mi-décembre, un groupe d'experts indépendants avait dénoncé un "échec flagrant" de l'ONU dans la gestion de cette affaire, qui avait coûté son poste au précédent chef de la Minusca, le Sénégalais Babacar Gaye.
La justice française a entendu début décembre quatre militaires français sur ces soupçons de viols d'enfants commis en 2013 et 2014. En tout, quatorze soldats français étaient mis en cause, de même que des militaires de Guinée équatoriale et du Tchad.
Les nouvelles accusations ont été évoquées mardi à huis clos au Conseil de sécurité. "Nous en avons vraiment assez de voir ce genre d'affaires se répéter", a déclaré à la presse l'ambassadeur néo-zélandais Gerard van Bohemen à l'issue de la réunion. "Certains ont réclamé que le Conseil soit informé précisément de la suite qui sera donnée à ces accusations", a-t-il expliqué.
Selon les règles de l'ONU c'est au pays dont sont originaires les Casques bleus qu'il revient d'enquêter et de les sanctionner. Mais le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a promis qu'il n'hésiterait pas à retirer un contingent entier si le pays concerné ne poursuivait pas en justice les coupables.