L'initiative pour ramener la paix en Ukraine présentée à Moscou par Angela Merkel et François Hollande pourrait être "une des dernières chances" d'éviter "la guerre", mais il n'est "pas certain" que les discussions aboutiront, ont prévenu samedi les deux dirigeants.
La chancelière allemande s'est dite "prudente" à une conférence à Munich, juste avant de rencontrer le président ukrainien Petro Porochenko et le vice-président américain Joe Biden au lendemain de négociations cruciales avec Vladimir Poutine à Moscou.
"Il n'est pas certain que ces discussions aboutissent (...) mais cela vaut le coup d'essayer", a lancé Mme Merkel, disant vouloir "relancer" l'accord de paix conclu à Minsk en septembre 2014 et qui n'a jamais été véritablement été appliqué.
5300 morts
Les affrontements entre rebelles prorusses et armée ukrainienne dans l'est du pays ont au contraire regagné en intensité depuis le début de l'année, faisant des centaines de morts. En dix mois de conflit, 5.300 personnes ont été tuées, selon l'ONU.
"C'est une des dernières chances", a pour sa part prévenu le président français. "Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario: il a un nom, il s'appelle la guerre".
Les discussions samedi en marge de la Conférence annuelle sur la sécurité devraient contribuer à déblayer le terrain avant une conversation téléphonique à quatre -Petro Porochenko, Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande- prévue dimanche.
Aucune information n'a filtré sur la teneur de la discussion avec M. Poutine vendredi soir à Moscou, si ce n'est qu'elle a permis d'avancer vers la rédaction d'un document.
Confronté à une situation militaire et économique désastreuse, le président ukrainien Petro Porochenko est sous pression face aux revendications des séparatistes, qui réclament plus d'autonomie et la prise en compte de leurs nouveaux gains territoriaux dans les négociations.
Après la rencontre de M. Porochenko avec Mme Merkel et Joe Biden, le secrétaire d'Etat américain John Kerry doit s'entretenir avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, également présent à Munich.
"L'option militaire" en discussion
Moscou a mis en garde contre la livraison d'armes par les Etats-Unis à l'Ukraine pour tenter de rééquilibrer le rapport de force sur le terrain, une option évoquée ouvertement par certains responsables américains.
Mme Merkel y est également fermement opposée. "Ce conflit ne peut être réglé militairement", a-t-elle martelé. "Je ne vois pas en quoi un meilleur équipement de l'armée ukrainienne impressionnerait le président Poutine au point qu'il puisse imaginer perdre militairement".
"Option militaire"
Le général américain Philip Breedlove, qui commande les troupes de l'Otan en Europe, a lui défendu "l'option militaire". "Nous parlons plus spécifiquement d'armes (...) et de capacités" qui font défaut à l'armée ukrainienne, notamment "pour s'attaquer à des problèmes d'artillerie, des problèmes de communication", a-t-il détaillé.
Alors que le ballet diplomatique se déplaçait à Munich, les bombardements se sont poursuivis sur le terrain dans l'est de l'Ukraine, tuant au moins cinq civils dans la nuit, selon le gouvernement et les séparatistes.
Les tirs au lance-roquettes multiples Grad ont notamment repris de plus belle autour de Debaltseve, tenue par l'armée ukrainienne et presque encerclée par les rebelles prorusses, après une courte trêve qui a permis d'évacuer 753 civils dont 81 enfants.