Des émeutiers ont pillé des magasins dans la nuit de vendredi à samedi à Ferguson, quelques heures après que la police eut révélé que le jeune Noir tué par un policier était soupçonné de vol.
Ces accusations ont rallumé la colère dans la ville, une banlieue de St. Louis, dans le Missouri (sud), théâtre de plusieurs jours d'émeute après la mort de Michael Brown, 18 ans, tué le 9 août par un policier.
Un relèvement jeudi des forces de l'ordre avait paru ramener le calme.
Mais à la fin d'une manifestation pacifique aux alentours de minuit (05H00 GMT), des groupes de pilleurs ont attaqué plusieurs magasins, dont un vendant des téléphones portables, selon plusieurs médias locaux.
En plusieurs endroits, la police a tiré des grenades de gaz lacrymogène et des bombes fumigènes, mais est restée le plus souvent à l'écart, dans des véhicules blindés et en tenue antiémeute.
"Si vous recevez des informations contradictoires, c'est parce que c'est le chaos ici. C'est mort dans certains endroits, dingue dans d'autres", a écrit sur Twitter Joel Anderson, un journaliste de BuzzFeed.
A plusieurs reprises, des habitants se sont interposés pour empêcher les pillages et sont restés sur place pour protéger les magasins.
Des habitants ont notamment formé un cordon devant la boutique dans laquelle Michael Brown aurait volé une boîte de cigares, et ont évité qu'elle soit pillée, a rapporté la chaîne de télévision CNN.
Dans un compte-rendu remis à la presse, la police de Ferguson a lié le jeune Noir à ce vol de cigares d'une valeur de 48,99 dollars, intervenu 20 minutes avant la fusillade fatale.
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La police a également diffusé la vidéo de surveillance de ce magasin où l'on voit un jeune Noir, vêtu comme Michael Brown, portant des paquets dans une main. En sortant, il repousse violemment un homme qui semble essayer de l'en empêcher, avant de se retourner pour l'intimider avec sa carrure imposante.
- La famille 'scandalisée' -
Lors d'une conférence de presse vendredi matin, le chef de la police de Ferguson, Thomas Jackson, a donné le nom du policier qui a tué le jeune homme: Darren Wilson, qui travaille depuis six ans et n'a jamais posé de problèmes de discipline.
Le chef de la police a reconnu qu'on ne pouvait dire avec certitude que le policier était au courant du vol quand il a arrêté Michael Brown. En revanche, il a affirmé que des preuves du vol avaient été retrouvées sur le jeune homme abattu.
La famille s'est dite "scandalisée" par la publication de ces informations destinées, selon elle, à "tenir la victime pour responsable et à détourner l'attention".
La police locale et la police fédérale (FBI) ont chacune lancé une enquête sur ce meurtre, à propos duquel les récits diffèrent.
Selon un témoin, Michael Brown, qui allait rendre visite à sa grand-mère et n'était pas armé, marchait dans la rue quand un agent de police s'en est pris à lui et l'a abattu alors qu'il avait les mains en l'air.
Selon la police, Michael Brown a été tué après avoir agressé un policier et tenté de lui dérober son arme.
Avant les nouveaux incidents de la nuit, le calme semblait être revenu vendredi dans les rues de Ferguson après la relève de la police locale, accusée de brutalités.
Le chef de la police de la route, le capitaine Ron Johnson, un Noir, chargé de prendre la relève, a symboliquement rejoint les premiers rangs d'une manifestation pacifique jeudi soir, provoquant un changement radical d'atmosphère dans la ville.
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"Ce fut une nuit remarquable. (...) Nous n'avons pas lancé de gaz lacrymogène. Il n'y a pas eu de routes bloquées. Nous n'avons pas eu d'arrestations. (...) Nous avons beaucoup mieux communiqué", s'est félicité vendredi lors d'une conférence de presse le capitaine, lui-même habitant de Ferguson, une ville majoritairement noire où la police locale est surtout blanche.
La mort de Michael Brown a ravivé le spectre du racisme en Amérique, comme après celle de Trayvon Martin, un jeune Noir abattu en 2012 par un vigile de quartier en Floride (sud-est). Le vigile avait été acquitté après avoir plaidé la légitime défense.