Les victimes du conflit armé en Colombie ont réclamé mardi la vérité sur les crimes commis par les différents groupes armés ayant agi dans le pays, au terme du premier Forum national dédié aux victimes à Cali.
"Il en est sorti un grand désir d'avoir la vérité sur ce qui s'est passé, sur les circonstances historiques, mais aussi d'en savoir plus sur les personnes enlevées et disparues", a déclaré à la presse Fabrizio Hochschild, coordinateur de l'ONU en Colombie, à l'issue de cette rencontre organisée par les Nations unies et l'Université nationale.
Une rencontre inédite puisque, pour la première fois, ont été réunies sur trois jours et dans un même endroit près de 1.500 victimes des Farc, des milices paramilitaires - dissoutes depuis 2006 - et des agents de l'Etat, les différentes parties prenantes de ce conflit qui dure depuis plus de cinquante ans.
Elle survient alors que se poursuivent à Cuba les négociations de paix entre le gouvernement colombien et les Farc, principale guérilla avec près de 8.000 combattants: mardi, les délégations participant aux négociations ont ainsi souhaité un "pluralisme" parmi les 60 victimes qui seront invitées à partir du 12 août à participer au processus.
Plusieurs sujets sensibles ont déjà été abordés via ce dialogue, ouvert depuis 2012: la nécessité d'une réforme agraire, à l'origine de la naissance des Farc, la participation politique des guérilleros repentis et la lutte contre le trafic de cocaïne.
Reste la question des victimes, alors que le conflit colombien aurait fait en cinquante ans plusieurs centaines de milliers de morts et au total, près de 6 millions de victimes: la réunion organisée à Cali "a été un forum intense, avec des moments difficiles auxquels il fallait s'attendre", a expliqué Fabrizio Hochschild.
"Certaines victimes ont beaucoup souffert et ne veulent pas se joindre" aux autres, a-t-il indiqué, en allusion aux dissensions entre victimes de des différents groupes.
Les trois jours de débat ont permis aux victimes de témoigner de leurs souffrances mais aussi de leur volonté de tourner la page: "un jour après avoir vu ma jambe amputée, je leur ai pardonné", a raconté à l'AFP Maria Clementina Murillo, une femme de 45 ans en fauteuil roulant depuis une attaque en 2001 des Farc dans son village de Pijao (centre).
"Cela me fait de la peine de voir les gens qui se trompent (en ne pardonnant pas, ndlr) parce que la guerre n'apporte que la guerre".