Les policiers néerlandais et australiens ont dû renoncer dimanche à se rendre sur le site du crash de l'avion malaisien en raison des combats dans cette zone de l'est de l'Ukraine contrôlée par les séparatistes prorusses.
Trente experts médicaux-légaux néerlandais ainsi que des policiers non armés en provenance des Pays-Bas et de l'Australie s'apprêtaient à se rendre sur le site de la catastrophe aérienne dimanche matin, mais y ont renoncé pour des raisons de sécurité.
Un porte-parole militaire ukrainien a assuré que l'armée ne menait pas de combats à proximité du site, contrairement, selon Kiev, aux séparatistes.
Des tirs d'artillerie ont été entendus à un kilomètre du site du désastre, lui-même situé à une soixantaine de kilomètres à l'est de Donetsk, capitale régionale et place forte des insurgés.
"Les terroristes sont-il en train de détruire des preuves du crime ?" s'est interrogé sur son compte Twitter le ministre des Affaires étrangères Pavlo Klimkine.
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Le Boeing de Malaysia Airlines assurant la liaison Amsterdam-Kuala-Lumpur avec 298 personnes à son bord à été abattu à 10.000 m d'altitude par un missile et une série d'éléments ont conduit Kiev et les Occidentaux à montrer du doigt les rebelles prorusses et leurs protecteurs au Kremlin.
- Accès limité -
Dix jours après le drame, des fragments de corps et des débris étaient toujours éparpillés dimanche sur le site sous contrôle de séparatistes, où les inspecteurs n'ont eu qu'un accès limité.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe ont eu dimanche une conversation téléphonique au cours de laquelle ils ont convenu qu'il était "important d'obtenir un cessez-le-feu dans la zone de conflit en Ukraine et de commencer les négociations entre les belligérants conformément aux modalités de l'accord de Genève" conclu en avril.
Le chef de la diplomatie russe "a demandé à John Kerry d'ordonner à ses subordonnés de ne plus empêcher l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) de faire son travail actuel", selon son ministère.
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De son côté, M. Kerry, selon le département d'Etat, a "appelé le ministre Lavrov à arrêter l'envoi d'armes lourdes et les tirs de roquettes et d'artillerie de Russie vers l'Ukraine, et à commencer à aider à une désescalade du conflit".
"Il n'a pas accepté les dénégations du ministre Lavrov sur le fait que des armes lourdes de Russie contribuaient au conflit", a précisé le département d'Etat.
- Sécurité insuffisante -
Le responsable de la mission de l'OSCE, Alexander Hug, s'est contenté de constater que "les combats se poursuivent". "Nous ne pouvons pas prendre de risques (pour aller sur place). La situation en matière de sécurité sur la route vers le site et sur le site même est inacceptable pour une mission d'observation non armée", a-t-il souligné, ajoutant qu'il pourrait tenter de s'y rendre avec ses collègues lundi.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte jugeait toutefois qu'une mission militaire internationale n'était "pas réaliste" à l'heure actuelle, compte tenu de la forte présence armée des séparatistes dans cette région proche de la frontière russe.
"Le risque qu'une mission internationale se retrouve directement impliquée dans le conflit en Ukraine et que ce dernier prenne alors une dimension internationale est réel", a-t-il estimé.
Peu avant ce regain de tensions, le gouvernement malaisien avait de son côté annoncé un accord avec les rebelles prorusses sur le déploiement d'une mission de police internationale pour sécuriser le site et y permettre une enquête indépendante.
Cette mission sera composée de 68 policiers malaisiens qui partiront mercredi de Kuala Lumpur pour le site ainsi que de membres des forces néerlandaises et australiennes, deux pays qui ont payé un lourd tribut ayant respectivement perdu dans le drame 193 et 28 de leurs ressortissants, a annoncé le gouvernement malaisien dans un communiqué.
De nombreux corps ont déjà été emmenés aux Pays-Bas où une première victime a été identifiée samedi, mais des dizaines manquent encore.
- Intensification des combats -
Malgré un cessez-le-feu fragile aux abords directs du site, le travail est compliqué par des combats entre loyalistes et séparatistes qui s'intensifient dans la région.
Dimanche, Gorlivka, fief du chef rebelle Igor Bezler à 45 km au nord de Donetsk et ville stratégique pour l'armée ukrainienne, a essuyé des tirs de Grad attribués par Kiev aux séparatistes.
Treize civils dont deux enfants y ont été tués dimanche, vraisemblablement par des tirs sur les quartiers d'habitation.
La reconquête de Gorlivka est présentée par l'armée ukrainienne, qui a repris cette semaine aux rebelles plusieurs grandes villes, comme une étape cruciale dans la progression vers Donetsk. Des combats ont également été signalés à Avdiïvka, à 18 km au nord de Donetsk.