Le président nigérian a exclu mercredi de libérer des prisonniers de Boko Haram en échange des 200 lycéennes captives depuis un mois du groupe islamiste, selon un ministre britannique, au moment où l'aide internationale monte en puissance.
Le jour où les 223 jeunes filles, que tentent de localiser des drones américains dans le nord-est du pays, ont entamé leur deuxième mois de captivité, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan a fait savoir qu'un échange de prisonniers contre les otages était exclu.
"J'ai discuté de cela avec le président et il m'a dit très clairement qu'il n'y aurait pas de négociation avec Boko Haram incluant un échange des lycéennes enlevées contre des prisonniers", a déclaré à la presse le ministre britannique en charge des questions africaines, Mark Simmonds, dans la capitale fédérale Abuja.
Cette déclaration ajoute à la confusion sur les intentions des autorités nigérianes.
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Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait proposé un tel échange dans une vidéo, diffusée lundi, montrant les jeunes filles enlevées dans leur école de Chibok, situé dans l'Etat de Borno (nord-est), principal fief du mouvement.
Le ministre de l'Intérieur Abba Moro avait aussitôt opposé une fin de non-recevoir à cette offre, refusant à Boko Haram le droit de poser des "conditions".
Cependant, le ministre des Affaires spéciales Taminu Turaki, qui a dirigé l'année dernière un comité chargé de réfléchir à un programme d'amnistie avec le groupe armé, avait assuré mardi que le Nigeria restait "ouvert au dialogue" sur "tous les problèmes", dont le sort des lycéennes kidnappées.
Toutefois, le ministre britannique a souligné que M. Jonathan souhaitait toujours engager des discussions plus larges avec les islamistes pour mettre fin à l'insurrection sanglante lancée en 2009.
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"Ce qui m'est aussi apparu très clairement, c'est que le président souhaite continuer et faciliter le dialogue pour trouver un cadre et une architecture afin d'aboutir à une solution durable au conflit et à ce qui l'a provoqué dans le nord du Nigeria", a-t-il ajouté.
M. Simmonds s'est rendu au Nigeria afin d'évoquer l'aide internationale mobilisée pour aider Abuja à libérer les jeunes filles.
Mercredi, le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé avoir proposé "une assistance supplémentaire", incluant "un avion de reconnaissance". Une dizaine d'experts de son pays sont déjà arrivés sur place.
Les Etats-Unis et la France, qui ont dépêché des experts, s'activent aussi.
Le Pentagone a annoncé mercredi que l'armée américaine utilise des drones de surveillance et des avions pour aider aux recherches.
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IL s'agit de drones Global Hawk, qui peuvent voler à haute altitude, et d'avions MC-12, des appareils de surveillance souvent utilisés en Afghanistan, a précisé à l'AFP un responsable militaire américain.
Les services du président nigérian ont indiqué qu'il avait reçu également des "appels de solidarité" des Premiers ministres d'Algérie et du Pakistan, prêts à "appuyer" les recherches en cours.
- Débat sur l'état d'urgence -
A la demande de Goodluck Jonathan, les députés nigérians débattent actuellement d'une possible prolongation pour six mois de l'état d'urgence en vigueur depuis un an dans trois Etats du nord-est du pays.
Mais la mesure est contestée par l'opposition, qui estime qu'elle n'a pas permis, tout en privant la population de liberté, de réduire l'insurrection.
De son côté, l'ancien président Olusegun Obasanjo a chargé l'actuel chef de l'Etat. M. Jonathan "est dépassé par les événements, voilà la situation", a-t-il lancé, interrogé sur la BBC.
Il y a un mois jour pour jour, Boko Haram enlevait 276 jeunes filles à Chibok. Plusieurs dizaines d'entre elles sont parvenues à s'enfuir, mais 223 lycéennes restent aux mains du groupe radical.
Toutes ont désormais été "identifiées comme étant des élèves du lycée public de Chibok", a indiqué mardi le gouverneur de Borno, Kashim Shettima.
Un sommet sur la sécurité au Nigeria doit se tenir samedi à Paris, rassemblant, autour du président François Hollande, les dirigeants d'au moins cinq pays africains: le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin.
Des représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Union européenne ont aussi été invités.
Il s'agit de trouver "comment arriver à cerner (Boko Haram) par l'intelligence, comment arriver à former pour combattre et comment arriver à débusquer les assassins", a expliqué le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
"La France ne se subsitue à personne mais son rôle est d'aider les Africains à assurer la sécurité parce qu'il ne peut pas y avoir de solution sans démocratie, sans développement et sans sécurité", a-t-il tenu à souligner.
Enfin, l'écrivain nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature de 1986, a dit à l'AFP considérer le chef de Boko Haram comme "une obscénité", le jugeant probablement incapable de dialoguer.