Silvio Berlusconi effectue vendredi à Cesano Boscone, près de Milan, quatre heures de travaux d'intérêt général auprès de malades d'Alzheimer, une peine humiliante et symbolique du déclin politique de l'ancien flamboyant chef de gouvernement.
Il a été condamné à un an de prison (quatre ans dont trois amnistiés) le 1er août dernier dans le procès Mediaset pour fraude fiscale qu'il purge sous forme de TIG. Cette condamnation lui a aussi valu une exclusion du Sénat, une interdiction de vote et son inéligibilité.
S'occuper de personnes déficientes mentalement, difficile à digérer pour cet homme de 77 ans très attaché à son image, fait partie d'un ensemble de mesures contraignantes dont l'interdiction de quitter la région de Milan, assortie toutefois de la permission de se rendre à Rome du mardi matin au jeudi soir.
Mais les adversaires de l'ex-Cavaliere sont convaincus qu'il utilisera ses passages à l'Institut Sacra Famiglia de Cesano Boscone à des fins électorales avant les européennes où sa formation Forza Italia tentera de se maintenir au-dessus des 20%.
Plus d'une centaine de journalistes se sont accrédités pour filmer et photographier son arrivée. Des agents de police surveillent le portail de la structure depuis jeudi. L'institut est très étendu et les journalistes seront cantonnés dans un périmètre précis, aucun n'étant autorisé à entrer dans le bâtiment San Pietro où se trouvent les malades d'Alzheimer.
- 'Je serai saint très bientôt' -
Il y a deux jours, M. Berlusconi a assuré à une radio qu'il n'avait pas l'intention de se laisser filmer à l'intérieur du centre.
Mais il a tenu à ménager ses effets: "je pense que j'y resterai plus longtemps que prévu, j'ai en réserve une grande surprise. Il m'a suffi de 10 jours pour tout comprendre du système de soins".
"Je suis certain que je saurai aider ceux qui en ont besoin et ce sera aussi un enrichissement pour moi", a affirmé l'ex-Premier ministre, connu pour son indécrottable optimisme.
Selon son grand ami et ex-présentateur vedette de sa chaîne Retequattro, Emilio Fede, "Berlusconi se prépare très soigneusement et étudie à fond la maladie d'Alzheimer. Il fera cela bien et avec humanité".
La direction du centre a pour sa part fait savoir que l'ex-chef de gouvernement serait traité à l'instar des autres bénévoles et que son introduction auprès des malades, toujours accompagné d'opérateurs spécialisés, se ferait "graduellement".
"C'est un endroit caractérisé par le calme, il ne peut pas y avoir d'interventions intempestives, nous l'avons expliqué à Berlusconi qui a compris", a indiqué au journal Repubblica Massimo Restelli, responsable des pavillons de soin du centre.
"Nous demandons à tous ceux qui viennent ici d'observer, écouter, ne pas se laisser emporter par l'envie de trop en faire", a-t-il expliqué.
Selon M. Restelli, l'ex-Cavaliere pourrait aider les malades au moment des repas, même si "c'est très délicat car souvent il faut rappeler au patient qu'il est en train de manger".
Selon le responsable, il est possible que M. Berlusconi parvienne "à créer des relations privilégiées avec certains". Or contrairement à une idée reçue sur l'Alzheimer, "les malades s'en souviennent et souvent attendent l'arrivée de la personne".
Interviewé jeudi, M. Berlusconi s'est une nouvelle fois dépeint comme une victime du système judiciaire depuis son entrée en politique en 1994: "je pense que je serai saint très bientôt pour toutes les choses injustes que j'ai dû subir".
M. Berlusconi effectuera ses TIG sous haute surveillance du tribunal de surveillance de Milan qui peut à tout moment révoquer les mesures plutôt clémentes décidées à son endroit.
Les ennuis judiciaires de M. Berlusconi ne s'arrêtent pas à la fraude fiscale. Il devra affronter en juin le procès en appel pour sa condamnation en première instance à 7 ans de prison pour le Rubygate où il est accusé de prostitution de mineure et abus de pouvoir. Un autre procès pour corruption de sénateur a débuté ces derniers mois à Naples.