Présenté à la presse dimanche aux côtés de ses sept collègues de l'OSCE retenus par les insurgés pro-russes de Slaviansk, le colonel allemand Axel Schneider pèse soigneusement chacun de ses mots, mais n'hésite pas à l'occasion à lancer quelques piques à ses "hôtes".
En civil, chemise, tee-shirt ou veste, ils entrent deux par deux et s'assoient aussitôt, l'air grave, en ligne devant la soixantaine de journalistes présents, dans la grande salle du rez-de-chaussée de la mairie de cette ville rebelle de l'Est de l'Ukraine, un bâtiment rectangulaire gris de quatre étages.
L'homme fort des séparatistes pro-russes de la ville, Viatcheslav Ponomarev, prend place parmi eux.
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Quatre rebelles en tenue de camouflage, dont deux encagoulés, et armés d'une kalachnikov, sont également là, mais en retrait.
Quand tous les représentants de l'OSCE (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe) sont présents, l'officier allemand, qui s'exprime tantôt dans sa langue, tantôt, le plus souvent, en anglais, se fait leur porte-parole.
Il sera en effet le seul à s'exprimer en leur nom et ses propos seront traduits en russe par un membre de son groupe.
S'il se sent d'abord obligé de souligner que lui et ses camarades sont bien traités, qu'ils sont "des invités" et non "des prisonniers de guerre", comme Viatcheslav Ponomarev les a pourtant lui-même qualifiés, le colonel Schneider ne manque pas de rappeler qu'ils ont "un statut diplomatique" et qu'ils aimeraient bien pouvoir "librement" rentrer chez eux.
- 'Un instrument politique' -
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"Notre présence à Slaviansk est sans aucun doute un instrument politique pour ceux qui prennent les décisions dans la région. Ils vont s'en servir dans les négociations", s'exclame-t-il aussi, avant de dénoncer les conditions "misérables", au départ, de leur détention, "dans une cave", avant leur transfèrement dans un endroit plus "confortable".
A l'intérieur de l'hôtel de ville, avait, dans la matinée, affirmé Viatcheslav Ponomarev.
Et puis, le colonel Schneider insiste sur le fait qu'ils n'ont pas été interpellés à Slaviansk, mais à quatre kilomètres de là, "sur le chemin du retour" vers Donetsk, et qu'ils ne sont livrés à aucune activité d'espionnage, se bornant à faire leur travail d'observateur.
Très concentré, il répond la plupart du temps spontanément aux questions. L'espace de quelques minutes, Viatcheslav Ponomarev quitte pour une raison inconnue la salle avec les gardes, laissant seuls face à la presse les sept officiers (trois Allemands, un Polonais, un Tchèque, un Danois et un Suédois, ainsi qu'un traducteur)...
Trois hommes, apparemment membres d'une autre mission de l'OSCE, chargée de tenter d'obtenir la libération de leurs collègues, sont à cet égard descendus vers 15H00 d'une voiture blanche garée devant la mairie. Les journalistes ont alors aussitôt été priés de s'en aller.