La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a estimé mercredi que la crise en Ukraine pourrait avoir de "vastes" retombées sur l'économie mondiale si elle n'est pas "bien gérée".
"La situation en Ukraine, si elle n'est pas bien gérée, pourrait avoir des retombées plus vastes" sur l'économie mondiale, a déclaré la dirigeante du Fonds monétaire international (FMI) à Washington selon le texte de son discours communiqué à la presse.
L'Ukraine, qui a obtenu un pré-accord du Fonds pour un plan d'aide, est au bord de l'asphyxie financière et connaît de fortes tensions avec son voisin russe qui a absorbé une de ses régions, la Crimée.
En représailles à l'absorption de la Crimée, les Occidentaux ont sanctionné plusieurs proches du président Vladimir Poutine et menacent de frapper plus durement l'économie russe en cas d'escalade.
"J'espère que les tensions géopolitiques vont disparaître (...) afin que le programme (du FMI en Ukraine) fonctionne", a relevé Mme Lagarde lors d'une séance de questions-réponses.
Le plan d'aide du Fonds, qui pourrait se monter à 18 milliards de dollars sur deux ans, sera conditionné à la mise en oeuvre de mesures d'économies drastiques par les autorités de Kiev.
"Il semble que les discussions sur les sanctions aient déjà produit certains effets" sur l'économie russe, a par ailleurs pointé Mme Lagarde.
"Quand vous regardez le reflux de capitaux (hors de Russie) et quand vous regardez les changements de politique monétaire qui ont dû être faits, cela montre qu'il y a eu des conséquences immédiates", a poursuivi la dirigeante.
Les sorties nettes de capitaux en Russie devraient se monter à 60 milliards de dollars au premier trimestre, selon les prévisions de Moscou. La Banque centrale russe a par ailleurs mené plusieurs actions, dont une vente record de devises étrangères, afin de soutenir le rouble.
Selon Mme Lagarde, la crise ukrainienne s'inscrit plus généralement dans la "montée des tensions géopolitiques" qui menacent les perspectives économiques mondiales. Le FMI doit publier mardi ses nouvelles projections de croissance lors de son assemblée générale à Washington.
La dirigeante craint également une déflation dans les pays riches, particulièrement dans la zone euro, qui pourrait "restreindre" la demande et l'activité.
Pour éloigner ce spectre, Mme Lagarde juge "nécessaire" que la Banque centrale européenne assouplisse davantage sa politique monétaire, notamment en recourant à des "mesures non-conventionnelles".
Début mars, le FMI avait déjà appelé la BCE à baisser davantage ses taux directeurs et à augmenter ses injections de liquidités par des rachats d'actifs.
Un des responsables de l'institut monétaire européen, Vitor Constancio, a toutefois affirmé mardi ne pas croire au scénario de la déflation en zone euro.
Dans son discours, la patronne du FMI a également assuré que les pays émergents restaient exposés à des risques de "volatilité financière" en raison du progressif retour à la normale monétaire aux Etats-Unis.