De hauts diplomates occidentaux tentaient mardi à Kiev d'empêcher le naufrage de l'économie ukrainienne et de négocier une sortie de crise associant la Russie, tandis que le champion de boxe Vitali Klitschko se déclarait candidat à la présidence.
La formation d'un gouvernement de transition a été reportée, mais le Parlement a voté à une très large majorité une résolution demandant à la Cour pénale internationale de poursuivre le président déchu Viktor Ianoukovitch, dans le cadre d'une enquête pour "crimes contre l'humanité".
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Destitué samedi par le parlement, il faisait déjà l'objet d'un mandat d'arrêt pour "meurtres de masse" de civil, après les affrontements qui ont fait 82 morts à Kiev la semaine dernière, lorsque la police a tiré à balles réelles.
"Le pouvoir (déchu) a bâti un système de bandits basé sur la corruption et les tueurs", a lancé mardi Arseni Iatseniouk, l'un des responsables de l'opposition.
"S'il n'avait pas eu le bataillon du ciel (surnom donné aux victimes de Maïdan), il y aurait eu des milliers de morts. La seule solution pour ce pouvoir est le tribunal international de La Haye", a-t-il ajouté.
De hauts diplomates occidentaux sont venus apporter mardi leur soutien au nouveau pouvoir ukrainien, tout en soulignant l'importance de préserver les liens avec la Russie.
"Nous proposons du soutien, pas de l'ingérence", a expliqué le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
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"Il est crucial que la Russie, en tant qu'important voisin de l'Ukraine, lui apporte aussi son soutien pour faire en sorte que le pays puisse aller de l'avant de la manière qu'il souhaite", a-t-elle dit.
La situation économique de l'Ukraine est catastrophique et sa position politique pour le moins délicate, avec le refus lundi de son voisin russe de reconnaître la légitimité des nouvelles autorités après la destitution et la fuite du président Viktor Ianoukovitch.
"Il faut que tous les partenaires, y compris la Russie puissent aider l'Ukraine", a plaidé mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, soulignant qu'il serait "grave" que Moscou retire son soutien au pays.
- L'Ukraine dans la famille européenne -
La Russie avait annoncé en décembre un crédit de 15 milliards de dollars, dont elle n'a versé que 3 milliards. Mais le versement du solde paraît désormais incertain au vu des tensions entre les deux capitales.
Le ministre russe russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est prononcé mardi contre la tenue d'une élection présidentielle anticipée le 25 mai, estimant que cela allait à l'encontre de l'accord de sortie de crise signé la semaine dernière.
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Mais il a aussi usé d'un ton plus conciliant, affirmant que Moscou "veut que l'Ukraine fasse partie de la famille européenne, dans tous les sens du mot".
"Nous sommes d'accord (...) qu'il serait dangereux et contreproductif de forcer l'Ukraine à un choix +soit vous êtes avec nous, soit contre nous+", a-t-il ajouté.
L'Ukraine a besoin de 35 milliards de dollars et place ses espoirs dans l'organisation d'une conférence de donateurs occidentaux, a annoncé lundi son ministre des Finances par intérim Iouri Kolobov. Cette requête a reçu un accueil favorable auprès des Européens.
"Il faut éviter une guerre civile, il faut éviter l'effondrement financier et économique du pays, et il faut organiser une conférence internationale pour éviter la faillite de l'Ukraine", a déclaré le ministre grec des Affaires étrangères Evangelos Venizelos, dont le pays préside actuellement l'Union européenne.
Le numéro deux de la diplomatie américaine William Burns est attendu plus tard à Kiev mardi.
Signe de la difficulté à trouver un compromis politique également à l'intérieur du pays, le Parlement a repoussé à jeudi la nomination d'un gouvernement de transition, initialement prévue mardi.
"Il faut que la décision soit prise jeudi. On ne peut pas attendre plus longtemps", a lancé au Parlement le président par intérim Olexandre Tourtchinov. "Menez des consultations jour et nuit, mais il faut que ce soit transparent", a-t-il ajouté.
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Les noms les plus fréquemment cités au poste de Premier ministre sont ceux du banquier et leader de la contestation Arseni Iatseniouk, de l'oligarque d'opposition Petro Porochenko et de l'ancienne chef de gouvernement Ioulia Timochenko.
Cette dernière a toutefois déjà fait savoir qu'elle ne briguait pas le poste et s'apprêtait à aller en Allemagne pour recevoir des soins.
La campagne électorale pour l'élection présidentielle anticipée du 25 mai a par ailleurs débuté mardi, selon la commission électorale centrale. Les candidats ont jusqu'au 30 mars pour s'inscrire.
L'ex-champion du monde poids-lourds de boxe, devenu l'un des leaders de la contestation, Vitali Klitschko a annoncé mardi sa candidature, affirmant vouloir "rétablir la justice" afin de "changer complètement les principes et les règles du jeu en Ukraine.
Le gouverneur pro-russe de la région de Kharkiv, Mikhaïlo Dobkine, s'est aussi déclaré candidat. Mme Timochenko en revanche n'a fait "aucune déclaration concernant l'élection présidentielle", selon sa porte-parole mardi.
- Signes de séparatisme marginaux -
Les Occidentaux ne cachent pas leurs craintes depuis plusieurs jours pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Ils redoutent que la crise des derniers mois n'ait creusé le fossé entre l'Est russophone et russophile, majoritaire, et l'Ouest nationaliste et ukrainophone.
Le président par intérim a appelé mardi au Parlement à "mettre immédiatement un terme aux manifestations dangereuses de séparatisme".
Klitschko se déclare candidat à la présidentielle