Russophone pro-européenne, femme d’affaires intransigeante… Les multiples visages de Ioulia Timochenko fascinent.
Libérée samedi 22 février après la destitution de son éternel rival Viktor Ianoukovitch, l’ancienne égérie de la Révolution orange apparait comme une des figures-clés de la nouvelle Ukraine. Mais son personnage est loin de faire l’unanimité.
Tout juste libérée de son hôpital-prison, Ioulia Timochenko s’est rendue samedi 22 février sur la place de l’indépendance à Kiev. En larmes, elle a exhorté les manifestants à poursuivre leur lutte. La jeune quinquagénaire, qui souffre de hernies discales et se déplace en fauteuil roulant, paraît très affaiblie.
Elle n’a pourtant rien perdu de son charisme. Ses tailleurs ajustés de premier ministre glamour ont disparu, mais sa verve et ses éternelles tresses blondes (décolorées) subsistent.
Sa fortune dans l'énergie
Née en 1960 dans une région de l’Est russophone, elle a dû apprendre à parler ukrainien. Ingénieur-économiste sous l’Union Soviétique, elle se spécialise dans la gestion de l’énergie, secteur dans lequel elle fait fortune après la chute du mur.
Les circonstances exactes de sa réussite ne sont pas toujours claires. Dès 2001, elle est accusée d’avoir importé frauduleusement du gaz russe en 1996, lorsque elle présidait les Systèmes énergétiques unis d’Ukraine.
En 2004, les résultats des élections qui portent au pouvoir Viktor Ianoukovitch (déjà !) sont vivement contestés. Les manifestants envahissent Kiev, et Ioulia Timochenko devient leur figure de proue. Sa coalition remporte les élections et elle est nommée Premier ministre.
En 2010, elle se présente aux élections présidentielles mais perd cette fois contre Ianoukovitch, lors d’un scrutin largement décrit comme démocratique. Elle est alors accusée d’avoir signé un contrat gazier défavorable à son pays avec la Russie.
Une incarcération qui dérange
Elle est condamnée à sept ans de prison. Son incarcération dérange, à l’Est comme à l’Ouest. Vladimir Poutine se prononce à plusieurs reprises en faveur de son ancienne homologue, tandis que l’Union européenne pose sa libération comme condition à tout accord d’association.
Libérée, elle apparaît comme une alternative solide à Ianoukovitch. Malgré les bruits de corruptions qui courent à son sujet et l’enquête menée sur sa proximité avec un ancien premier ministre incarcéré aux Etats-Unis pour blanchiment d’argent, elle a pour elle de ne s’être jamais compromise de quelque façon que ce soit avec le régime sortant.