Le pape François a créé samedi dans la basilique Saint-Pierre ses 19 premiers cardinaux, avec l'appui moral de son prédécesseur Benoît XVI, venu pour la première fois assister à une cérémonie depuis sa démission il y a un an.
Le pontife émérite de 86 ans était au premier rang, habillé tout de blanc, calotte sur la tête, parmi les cardinaux, vêtus de rouge. Il a été salué avec chaleur à son entrée par François, et de nouveau à la fin de la cérémonie, les deux hommes se serrant la main longuement.
Le secrétaire d'Etat Pietro Parolin a remercié Benoît XVI pour sa présence, au nom de tous.
Jorge Mario Bergoglio a succédé le 13 mars 2013 à Joseph Ratzinger qui avait démissionné le 28 février. C'est la première fois que l'ancien pape allemand, qui vit retiré au Vatican et a promis de ne pas s'immiscer dans les affaires de son successeur, participe à une grande cérémonie.
Vraisemblablement, le pape François le lui a demandé pour manifester la pleine communion au sein de l'Eglise.
Dix-huit des dix-neuf nouveaux "princes de l'Eglise" étaient présents, car le très âgé Loris Francesco Capovilla, 98 ans, ancien secrétaire du pape Jean XXIII, n'a pas réussi à venir de Bergame (nord de l'Italie).
Chaque nouveau cardinal s'est approché et agenouillé pour se voir poser sur la tête la barrette (coiffe rouge à quatre bords). Le pape leur a passé l'anneau cardinalice et remis leur titre dans un parchemin enroulé, chacun recevant symboliquement la charge d'une des centaines d'églises romaines. Il les a ensuite embrassés avec plus ou moins de chaleur.
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De Ouagadougou, d'Abidjan, des Cayes en Haïti, de Cotabato aux Philippines, de Managua, de Castries (Sainte-Lucie) aux Antilles, de Pérouse (centre de l'Italie), plusieurs des nouveaux cardinaux étaient venus des "périphéries", formule qu'aime utiliser François.
Le choix du pape argentin reflète l'accent qu'il met sur les pasteurs plutôt que les gestionnaires.
Dans l'après-midi, les traditionnelles "visites de courtoisie" ont permis aux familles et à qui voulait d'entrer au Vatican pour féliciter les heureux élus.
Alors que les quatre cardinaux de Curie, dont le tout nouveau cardinal Parolin, recevaient dans les somptueux salons pontificaux ornés de fresques de la Renaissance, les quatorze autres étaient dispersés dans le cadre moderne de l'immense salle Paul VI.
Beaucoup se pressaient aux deux entrées dans l'espoir de saluer les cardinaux de leur pays, ou par curiosité.
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Le cardinal Jean-Pierre Kutwa, d'Abidjan, était acclamé par des femmes ivoiriennes chantant des "alleluia". Des imams étaient venus aussi dans la délégation. "C'est un clin d’œil que le pape a fait pour la paix", a dit le cardinal, infatigable artisan de la réconciliation dans son pays, qui recevait dans une chaise roulante.
Non loin, réservé, le cardinal de Ouagadougou, Philippe Ouédraogo, proche des plus démunis dans son pays, affirmait que le pape François "nous ramène à l'Evangile. Qui vit l'Evangile retrouve les hommes dans ce qu'ils sont réellement".
- "Avoir un coeur plus grand" -
Le cardinal haïtien des Cayes, Chibly Langlois, assurait que "tout Haïti, toutes confessions confondues, se réjouit" de "la grande sollicitude du pape" qui a créé le premier cardinal haïtien de l'Histoire.
Le cardinal-archevêque de Westminster, Vincent Gegard Nichols, très connu pour ses prises de position sociales fortes au Royaume-Uni, a résumé ainsi la volonté du pape: "il nous invite à avoir un horizon plus large et un cœur plus grand".
Dans la basilique, François a demandé aux cardinaux nouveaux et anciens de "vivre en communion" avec lui et entre eux, d'être armés de "compassion" et d’œuvrer pour la paix, avertissant que "la route que Jésus choisit est celle de la Croix".
Ce sont seize nouveaux électeurs (moins de 80 ans, en cas de Conclave) qui entrent au Sacré collège, et trois autres sont émérites sans droit de vote. Le Sacré collège compte 218 cardinaux dont 122 électeurs.